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L'étudiant en médecine Michel de Nostredame (1521-1533)
(Contribution biographique)
par Robert Benazra



     C'est vers l'âge de dix-huit ans que Michel de Nostredame quitte la Faculté des Arts d'Avignon. Nous sommes alors en 1521. Nous allons démontrer que de la ville des papes, il se rend directement à l'Université de Montpellier où il entreprend ses premières études de médecine afin d'obtenir, après trois années, le titre de " bachelier ". Dès lors, il interrompt ses études et voyage beaucoup, pendant près de cinq ans, parcourt la Provence et les régions avoisinantes, en exerçant la médecine. Dans chaque ville qu'il traverse, il fréquente notamment les boutiques des apothicaires à la recherche de toutes sortes d'herbes médicinales. En 1529, il est de retour à Montpellier et prépare sa licence et son doctorat. Mais combien de temps s'écoule-t-il entre le baccalauréat de médecine et la licence, puis entre la licence et le doctorat ? Il faut encore deux à trois ans de cours au minimum, entre le baccalauréat et la licence. Quant au doctorat, qui clôt le cycle des études médicales, il peux être obtenu quelques mois après seulement. Ainsi, à cette époque, il n'est donc guère possible que les études médicales comprennent moins de six années. Dans la présente étude, nous allons suivre pas à pas Michel dans l'obtention des grades universitaires conduisant au doctorat en médecine, en traçant un tableau de l'existence qu'il a certainement menée dans la prestigieuse Ecole de Montpellier. Nous serons alors en mesure de définir, avec plus ou moins de vraisemblance, le temps qu'il fallut à Michel de Nostredame, plus tard Nostradamus, pour devenir docteur en médecine.

Portrait de Michel Nostradamus

Portrait de Michel Nostradamus attribué à Léonard Gaultier (vers 1561 - vers 1630).
Cette illustration numérotée 129 est extraite d'une série de 144 portraits publiés dans
Le Théatre d'Honneur de plusieurs anciens et modernes... Recueillis et mis en cet ordre par
M. Claude de Valles, Secrétaire ordinaire de la Chambre du Roy, Paris, 1618, BNF, Rés. G. 280.


    Avant d'analyser ce que Nostradamus a lui-même rapporté sur cette période estudiantine, écoutons celui qui fut très certainement un de ses derniers secrétaires, Jean-Aimé de Chavigny, lequel consigna par écrit un " Bref discours " sur la vie de Michel de Nostredame :

     " De là [en Avignon], il vaqua fort heureusement à la Philosophie, & théorie de Médecine dans l'Université de Montpellier, jusques à ce qu'à l'occasion d'une pestilence qui survint au pays, prist la route devers Narbonne, Tholouse, Bordeaux : ausquelles villes & citez donnant ses premiers coups d'essay, tira premierement fruict de ses labeurs, & lors il menoit l'an 22. de son eage. Ayant sejourné quatre ans en ces quartiers prattiquant la Médecine, il luy sembla bon retourner à Montpellier, pour se recuire & passer au Doctorat. " [1]

    Et Chavigny d'ajouter : " ce qu'il fist en peu de temps ", une période d'ailleurs assez difficile à évaluer par cette seule lecture, d'autant plus que le prochain repère chronologique fourni par cet auteur sera la peste d'Aix-en-Provence de 1546 !

    Dans un de ses ouvrages, certainement le plus autobiographique, notamment au niveau de confidences précises faites à ses lecteurs, Nostradamus écrit, en 1552, qu'il a parcouru le monde pour examiner tant la " complexion " des gens que l'air des contrées, également les herbes médicinales, ainsi que les vestiges archéologiques, ces " antiques topographies " - dont on trouve des réminiscences certaines dans les Centuries - et surtout, en exerçant la médecine dans les diverses régions où sa monture le conduit :

     " ... en voiant le monde pour apprendre & cognoistre les qualités, complexions & nations des gens, & voir la clemence & inclemence de l'air, & les diverses nations du monde, mesme pour la cognoissance des simples [2]  que en aucunes regions sont, aux autres ne sont : & principalement pour voir les antiques topographies faites du temps du siecle Romain : & en exerceant la faculté de medicine, ou gist ma principale profession... " [3]

     Pendant plusieurs années, Michel vagabonde, en gyrovague comme on dit alors d'un moine errant, lui permettant ainsi de rencontrer " de grands personnaiges en diverses régions ". [4]  Ses pérégrinations le conduisent, nous dit-il, par " tout le païs de Guienne & Languedoc, & toute la Provence... " [5]  Dans ces contrées, l'étudiant en médecine soigne de la peste, et l'apothicaire empirique fabrique cosmétiques et confitures. Michel apprend sur le tas, comme on dit aujourd'hui, son futur métier de médecin apothicaire.

    Après avoir cité ces divers passages, tirés de ses " mémoires ", nous présentons deux autres documents qui vont éclairer notre propos, et poser une base aux discussions qui vont suivre.

     Le premier texte est tiré du même ouvrage de Nostradamus, l'Excellent et Moult Utile Opuscule. Ecoutons l'intéressé nous exposer lui-même comment il se perfectionna en la connaissance des herbes médicinales :

     " Après avoir consumé la plus grand part de mes jeunes ans, ô LECTEUR BENIVOLE, en la pharmaceutrie, & à la cognoissance & perscrutation des simples par plusieurs terres & pays depuis l'an 1521 jusques en l'an 1529, incessamment courant pour entendre & savoir la source & origine des plantes & autres simples concernans la fin de la faculté Iatrice (...) que quand suis esté au bout de mes huict ans accomplis & consumés, me suis trouvé ne pouvoir parfaitement attaindre en ceste summité de la parfaite doctrine (...) & vins parachever mon estude jusques à lheure presente, qui est le trente un an de ma vacation, que tenons mil cinq cens cinquante deux. " [6]

    Michel nous confirme ainsi par deux fois, dans ce passage, la durée de cette " vacation " ou profession : en ajoutant " huict ans accomplis et consumés " à l'an 1521, on obtient bien l'année 1529, date de son inscription certaine à l'Université de Montpellier [7] , puis en retranchant " trente un an de vacation " à l'année de rédaction du texte cité, soit l'an " mil cinq cens cinquante deux ", on retrouve bien la date charnière 1521.

    La seconde pièce, qui corrobore en quelque sorte le premier document, est une lettre adressée à Jean Rosenberger, le 9 septembre 1561, dans laquelle Nostradamus déclare qu'il pratique à la fois la médecine et l'astrologie depuis quarante ans [8] , ce qui nous ramène à l'an 1521, début des études médicales et empiriques du futur médecin de Salon-de-Provence.

     Nous devons à présent poser la question essentielle : En quelle année Michel a-t-il commencé ses études de médecine ? La plupart des biographes qui nous ont précédés s'accordent très logiquement sur la date incontournable de 1529, car c'est celle de son inscription " retrouvée " à la Faculté de Médecine de Montpellier [9] . Mais nous savons de source également sûre que Michel était installé comme médecin à Port-Sainte-Marie, dans les environs d'Agen, vers 1534. [10]  Par ailleurs, ainsi que nous le verrons plus loin, les études de médecine, à cette époque - et même pour les plus doués, à moins de disposer d'une dérogation exceptionnelle, comme pour François Rabelais, par exemple [11]  - ne prenaient pas moins de six ans après le titre de Maître ès Arts. A l'analyse des pièces présentées plus haut, il n'est donc pas invraisemblable de penser que Michel était déjà bachelier en médecine en 1529. [12]

     Pour nous résumer, dès l'automne 1521, Michel s'inscrit dans la plus brillante des institutions universitaires du Royaume de France, la Faculté de Médecine de Montpellier. [13]  Il va y suivre des cours jusqu'à l'obtention du grade de " bachelier en médecine ", étape obligatoire pour s'inscrire à la licence et passer le doctorat. [14]
 

Le baccalauréat en médecine (1521 - 1524)

     Même s'il y a peu de trace de son passage à Montpellier, nous pouvons dresser une fresque de la vie universitaire à l'époque de Nostradamus, et partager avec lui cette vie estudiantine, car nous disposons, heureusement, d'une documentation relativement abondante sur cette période de la Renaissance et de nombreuses précisions ont été fournies par les recherches des érudits, qui nous font revivre le quasi quotidien des étudiants en ce premier quart du XVIe siècle. [15]

     Le commerce des épices à Montpellier, d'où d'ailleurs le nom " Mons Pistillarius ", était florissant entre les mains des judéo-arabes d'Espagne, et les diverses sciences orientales s'étaient rapidement répandues, depuis le haut Moyen Age, dans la France méridionale et chrétienne : " L'Ecole de Médecine de Montpellier a ses origines dans les universités juives et arabes. " [16]  Les plus instruits des rabbins, par exemple, avaient traduits en languedocien les oeuvres d'Hippocrate, et attiraient autour d'eux nombre d'élèves qui furent initiés aux doctrines médicales des arabes : " Et cette docte population juive d'Espagne, interprète naturel de ce mouvement scientifique, participa, plus ou moins directement, à l'établissement des études scientifiques à Montpellier. " [17]  La situation géographique de Montpellier était en effet idéale, et le climat particulièrement favorable sur le plan politico-religieux, pour donner à cette ville une grande université. Le Languedoc, comme la Provence également, ont toujours été des provinces ouvertes aux influences tant gréco-romaines que judéo-arabes.

     A l'Ecole de Médecine de Montpellier, peut-être plus qu'ailleurs, on retrouve une survivance de traditions avec ses nombreuses coutumes pittoresques, dont l'origine se perd dans la nuit des temps. Par exemple, depuis le Moyen-Age, les étudiants en médecine de Montpellier avait une singulière coutume, celle d'élire un Roi, qu'ils promenaient solennellement dans toute la ville, et qu'ils accompagnaient armés d'épées ! L'Université a voulu s'opposer à l'élection du Roi des étudiants, mais ceux-ci le remplacèrent aussitôt par un Abbé qui jouira des mêmes prérogatives que son prédécesseur [18] . Une pratique demeurée célèbre se rattachant à cette attribution est celle d'une danse d'une nature particulière appelée le Saut, une coutume réservée aux nouveaux étudiants qu'on nommait Béjaunes !

     Cette expression de Béjaune semble être une déformation de " bec jaune ", car le terme utilisé par le Liber procuratoris, dont nous reparlerons plus loin et dans lequel on peut lire une inscription de Michel de Nostredame, est " becjaunati ". Dès lors qu'ils avaient franchi les portes de l'Université, les nouveaux étudiants en médecine devaient subir un véritable noviciat, un peu comparable à notre bizutage moderne, mais qui durait ordinairement un an. Il y avait les brimades traditionnelles qui obligeaient les béjaunes à des fonctions serviles, comme par exemple, essuyer les tables, ou encore, dans les réunions, lorsque les étudiants étaient assis et la tête couverte, les béjaunes demeuraient debout et découverts. Cette initiation des nouveaux " escoliers ", qui culminait avec le Saut, était l'occasion d'une véritable fête : on se rendait à un lieu désigné accompagné de musiciens, et au retour, un banquet était organisé dans une auberge de Castelnau. Cependant, les béjaunes et les étudiants faisaient une trêve en quelque sorte, lorsqu'il s'agissait de festoyer ou de partir en guerre contre les bourgeois ou les étudiants en droit, par exemple, ces " trois teigneux & un pelé de légistes ", pour employer une expression rabelaisienne. [19]  Par ailleurs, ces turbulents élèves en médecine jouissaient de nombreux privilèges. [20]

     L'Ecole de Médecine était placée sous le haut patronage de l'Evêque, mais était régie par le Doyen, c'est-à-dire, le plus ancien docteur en fonction. Quant au Chancelier, un des professeurs nommé à vie par ses collègues, il se bornait à arbitrer d'éventuels conflits, soit entre les maîtres et les étudiants, soit entre eux et la population. Il convoquait aussi les assemblées où l'on s'occupait des diverses affaires de l'Ecole, notamment de l'élaboration des programmes des cours, de l'administration financière.

     Les étudiants en Médecine formaient une corporation qui avait ses réunions, le dernier jour de chaque mois, où se discutaient toutes les questions relatives aux études, aux fêtes et banquets. A l'instar du Président des associations estudiantines actuelles, nos " écoliers en médecine " avaient, à leur tête, un " Procurateur des étudiants et des bacheliers ". Le Procurateur était le mandataire de ces Ecoliers, dont la principale mission était de faire observer les règlements de l'Ecole, mais de rendre compte également , des recettes et des dépenses, lors des réunions mensuelles. [21]

     Le Procurateur était élu par ses camarades, parmi les bacheliers, avant la reprise annuelle des cours qui avait lieu le 18 octobre, à la fête de St Luc, le patron des médecins. On procédait également à son élection pendant l'année, s'il y avait lieu de remplacer celui qui était en fonction. Celui qui briguait cette charge devait s'engager à faire observer les statuts de l'Université par tous ses camarades, et aussi, ainsi que nous le verrons, il enregistrait les nouveaux venus sur le Liber procuratoris ou Livre du Procurateur. Il les présentait ensuite au Chancelier dans les huit jours qui suivaient leur arrivée dans la ville. Il recevait et encaissait les redevances scolaires, lesquelles servaient à faire face aux besoins de l'Université, tels les frais d'anatomie ou les frais de banquets. Le Procurateur veillait au respect des traditions estudiantines et maintenait la discipline [22] , mais il pouvait être révoquer par le Doyen ou le Chancelier en cas de manquement grave à ses obligations. Cependant, le Procurateur des étudiants avait le droit de faire des remontrances au professeur qui ne s'acquittait pas scrupuleusement de ses cours et pouvait, le cas échéant, le convoquer devant le Chancelier ou le Doyen ou même en appeler à l'autorité supérieure de l'Evêque, conservateur des privilèges de l'Université.

     Le diplôme de " Maître ès Art " (notre baccalauréat actuel) était indispensable pour être admis à la Faculté de Médecine, ou plus exactement, d'après les statuts du 30 septembre 1517, on ne pouvaient pas immatriculer ceux qui n'auraient pas fait preuve de connaissances suffisantes " en logique et en philosophie ". Michel de Nostredame, qui possédait un titre de Maître ès Arts, fut vraisemblablement dispensé d'un éventuel examen de contrôle.

     Les cours commençaient à l'heure la plus matinale, vers six heures en hiver. Les chroniques de l'époque nous rapportent que les salles de classe n'étaient jamais chauffées, mais que pendant la mauvaise saison on les garnissait de paille pour combattre le froid, et une simple chandelle suffisait pour éclairer la pièce.

     Le mercredi était un jour chômé en l'honneur d'Hippocrate, s'il n'y avait pas de fête religieuse dans la semaine. Les cours de la Faculté étaient suspendus huit jours avant Noël et huit jours après, également durant les trois jours qui précèdent l'ouverture du Carême et pendant toute la quinzaine de Pâques. Les étudiants étaient tenus d'assister jusqu'à la Saint-Jean [23]  aux cours pratiques des licenciés qui préparaient leur doctorat. Ainsi les " grandes vacances " duraient près de quatre mois.

     Un premier cycle des études était consacré à ce que Jean-Aimé de Chavigny a appelé " Philosophie et théorie de la Médecine ". L'étude de la philosophie reposait essentiellement sur l'Aristotélisme. L'enseignement oral consistait dans l'étude des anciens traités de médecine, notamment ceux du médecin arabe Avicenne, dont l'oeuvre avait été entièrement traduite en latin. Ce cycle comprenait aussi l'enseignement qui sous le nom de matière médicale est, de nos jours, dispensé aux pharmaciens (étude des simples, de la botanique et de la pharmacologie), ainsi que l'étude de l'anatomie qui ne consistait pas exclusivement à apprendre par cour les affirmations tirées d'Hippocrate ou de Galien. En effet, depuis 1520, la Faculté de Montpellier disposait d'un squelette acheté à Aigues-Mortes, pour l'étude de l'anatomie.

     Par ailleurs, pour l'enseignement pratique, la Faculté encourageait vivement les étudiants à l'étude personnelle en dehors des cours. Nostradamus, lui, était passionné par l'étude des plantes médicinales. D'ailleurs, la botanique était fort en vogue à Montpellier et la ville était renommée pour ses droguistes. Michel put ainsi perfectionner ses connaissances dans les vertus médicinales des feuilles et des fleurs, une activité qui valut à son bisaïeul paternel, Pierre de Sainte-Marie, d'être sanctionné par les consuls de la ville d'Arles où il était employé. Nous verrons plus loin que son arrière-petit-fils Michel sera rayé des registres de Montpellier pour des raisons similaires.

     Il y avait à Montpellier une bibliothèque où les étudiants pouvaient étudier toute la journée, mais elle ne contenait guère plus qu'une cinquantaine de volumes. Durant l'année scolaire, les étudiants se livraient à leurs jeux habituels, dont Rabelais nous a conservé l'interminable énumération. [24]  Comme à chaque époque, les divertissements allaient de pair avec la préparation des examens. Pour cette jeunesse estudiantine, les beuveries et festins accompagnaient quasiment tous les actes universitaires. Les occasions pour bien manger et surtout bien boire, notamment ces " bons vins de Miravaulx " [25] , étaient fort nombreuses : banquet à la Saint-Luc pour solenniser la reprise des cours, à l'issue des vacances, et banquet pour faire les Rois, le jour de l'Epiphanie, un nouveau procurateur comme l'arrivée des béjaunes, le banquet d'adieu d'un ancien, les succès aux examens, etc. C'est dans cette ambiance festif que se préparait le baccalauréat en médecine. Il faut dire que les hôteliers et cabaretiers étaient nombreux dans la ville : les plaisirs de la table et les " repas pantagruéliques " faisaient ainsi partie des mours du temps.

     Les hivers étaient très rudes à cette époque, d'après certains chroniqueurs, et ce fut notamment le cas en 1923, où il faisait si froid que les blés gelèrent par toute la France. [26]  Nous ne savons pas si Nostradamus s'est intéressé à la fameuse conjonction astrologique, au mois de février 1524, pour laquelle la quasi totalité des planètes dans le signe des Poissons laissa présager d'imminentes inondations. Ces dernières n'auront pas lieu, mais la même année, Michel dut être certainement plus inquiet de l'invasion de sa Provence par les Impériaux.

     Nous supposons que Michel de Nostredame se présenta à l'épreuve du baccalauréat en 1524, après trois années d'études. On lui proposa l'explication d'une maladie quelconque ou d'une question de physiologie, qui durait près de quatre heures à elle seule. Et depuis huit heures du matin jusqu'à midi, Michel répondait à toutes les demandes et objections du jury. Après quoi le Chancelier lui dit solennellement qu'il avait passé avec brio son examen.

     Aussitôt, il revêtit la robe en drap rouge avec une épitoge, à manches très larges et petit capuchon [27] , et monta s'asseoir à côté des maîtres, non sans que ses condisciples lui eussent donné chacun un coup de poing. Les étudiants en médecine de Montpellier avait, en effet, la coutume d'accueillir à coups de poing le nouveau bachelier, en lui criant cette expression demeurée célèbre : " Vade et occide Caïn ", paroles au sujet desquelles ont beaucoup discuté les commentateurs. [28]  Pour certains, Caïn est le symbole de la maladie qui tua l'homme alors que pour d'autres, plus malicieux, il s'agit d'une recommandation des maîtres, disant, de se faire la main sur " Carmes, Augustins, Jacobins et Mineurs " ! D'après Germain, elles devraient être traduites ainsi : " Va chercher fortune ou tu voudras, promène ta vie errante comme Caïn, où il te conviendra de le faire. " [29]

     Cette première partie des études était ainsi sanctionnée par le baccalauréat en médecine, puis l'étudiant devait s'inscrire pour le second cycle conduisant à la licence, puis au doctorat. Le baccalauréat permettait à l'étudiant d'exercer la pratique médicale, mais le bachelier s'engageait à n'exercer qu'en dehors de la ville et de ses faubourgs.
 

L'étudiant gyrovague (1524 - 1529)

     Après ce séjour prolongé à Montpellier, Michel va alors voyager, s'en allant par monts et par vaux, et interrompant ainsi pour un temps ses études universitaires. Notre nouveau bachelier en médecine chemine par petites étapes sur sa mule, herborisant et faisant halte chez les apothicaires pour s'enquérir des recettes de nouveaux médicaments. Les seules informations que nous avons sur ce premier voyage de Nostradamus dans les diverses contrées de la Provence et du Languedoc, c'est seulement par quelques mots qu'ils nous en dit dans son Excellent et Moult Utile Opuscule. Il n'est donc pas facile de reconstituer l'itinéraire de Michel de Nostredame, depuis cette année 1524 jusqu'à sa réinscription à la Faculté de Montpellier, en 1529. Dans le passage de Jean-Aimé de Chavigny que nous avons cité plus haut, il semble que ce soit " l'occasion d'une pestilence " qui a incité Michel à quitter Montpellier " l'an 22. de son eage ", ce qui n'est pas invraisemblable car, en 1525, la peste va rapidement s'étendre depuis Avignon jusqu'à Narbonne, Carcassonne et Toulouse. Ainsi que l'a dit un de ses anciens biographes, paraphrasant un passage que nous avons cité de son futur secrétaire particulier, Nostradamus aurait donné dans les différentes villes qu'il a parcouru, " les premiers coups d'essais de sa science et de son sçavoyr ". [30]

     Il semble en effet que Narbonne fut la première grande ville où le fléau de la peste se développa de façon menaçante. Nostradamus alla aussitôt le combattre et suivre, pour ainsi dire, à la trace la contagion. [31]  Ensuite, Michel ira jusqu'à Toulouse qui avait alors son Capitole et ses " capitouls ", ses magistrats municipaux. La " Rome de la Garonne " (Saint Jérôme) abritait, semble-t-il, les habitants les moins tolérants du royaume, car depuis trois siècles, l'Inquisition y avait élu domicile. Sous l'arche centrale du nouveau pont Saint-Michel, pendait une grande cage de fer où l'on enfermait les blasphémateurs avant de les plonger dans la Garonne, jusqu'à ce que la mort s'ensuive.

     En 1528, tout le Midi est la proie d'une épidémie de peste encore plus violente que les précédentes, la guerre ajoutant à la désolation. Nostradamus avait déjà quelques années de pratique dans l'exercice de la médecine bien qu'il n'eût encore le titre de médecin, mais comme nous l'avons dit précédemment, ceci était non seulement admis, mais encore encouragé par les autorités et les professeurs qui voyaient par ailleurs une bonne occasion de ne pas s'exposer eux-mêmes à la terrible épidémie, d'autant qu'ils jugeaient dégradant pour un savant la pratique médicale.

     Il est possible que le nom de Michel de Nostredame commença alors à devenir célèbre dans ces régions touchées par la peste où il circula durant près de cinq années, guérissant sans doute ses patients. Plus tard, Michel écrira un livre sur la peste, lequel aura énormément de succès tant en France qu'en Angleterre où la redoutable épidémie ne ménageait pas nos voisins d'outre manche. [32]

    Pour se faire une petite idée de ce qu'était la peste à cette époque, citons une expérience du médecin Nostradamus, avec cet extrait tiré de son Excellent et Moult Utile Opuscule :

     " Entre les choses admirables que je pense d'auoir veu : c'est que j'ay veu une femme que ce pendant que je l'allis veoir, & en l'appellant par la fenestre, me respondant & me rendre response de ce que je luy disois, sortir à la fenestre, qu'elle mesme toute seule se cousoit le linceul sur sa personne, commençant aux piedz, venir les alarbres q nous disons en nostre langue Prouençale qui portent & ensevelissent les perstiferes, entrer dens la maison de ceste femme, & la trouver morte & couchée au milieu de la maison avec son suere demy cousu : & cela fut à trois ou quatre parts à la ville : & de l'vne moymesme je l'ay veu : & eusse voluntiers raconté dauantaige tout le fait de la pestilence qui avint à ladicte ville... " [33]

     Après la disparition de la " pestilence " et après s'être perfectionné dans la pratique de la " pharmaceutrie ", Michel de Nostredame se redirige à l'automne 1529 vers Montpellier afin de reprendre ses études de médecine. Il est alors âgé de 26 ans.

     Entre-temps, la charge d'Abbé à la Faculté de Montpellier sera rétablie, puis la même année, à la fête des rois, les étudiants jouèrent une pièce intitulée la Résurrection de l'Abbé : il s'agissait d'une farce satirique afin de protester contre la charge abolie deux ans auparavant. Les étudiants avaient rétabli le Saut des béjaunes, et aussi le banquet qui faisait suite à ce cérémonial. Mais, par arrêt du Parlement de Toulouse, la charge d'Abbé sera à nouveau supprimée le 13 mars 1529, quelques mois avant l'arrivée de Nostradamus.
 

Le doctorat en médecine (1529 - 1933)

     Selon l'usage, dès son arrivée à la Faculté de Montpellier, le 3 octobre 1529, " Michelet de Nostre-Dame " se présente au Procurateur des étudiants, Guillaume Rondelet, afin d'être inscrit sur acquittement des droits corporatifs [34]  dans le Liber scolasticorum ou Livre des étudiants [35] . Lors de cette inscription à la Faculté de Médecine, un événement exceptionnel va se produire. La main rageuse de Guillaume Rondelet raye du registre universitaire l'inscription de Nostradamus et exprime dans une note marginale son opinion sur le nouvel étudiant :

     " Quem vides hic - audi lector - obliteratum fuit apotecarius siue (arcapop. et probauimus per Chante. apotecarium vrbis huius per scolasticos qui illum male dicentem de doctoribus audiuerunt. quare decreto per statutum mihi iussissent vt illum dellerem de libro scolasticorum. Guillelmus Rondelletus procurator. " [36]

Nostradamus, Montpellier, 3 octobre 1529

Première inscription retrouvée de Michel de Nostredame, en date du 3 octobre 1529,
conservée à la Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier, registre S 2, f° 87 :
Le Procurateur des étudiants, Guillaume Rondelet raye l'inscription de
Nostradamus dans le Livre des étudiants (Liber scolasticorum).


Ci-après une traduction française du texte latin, établie par Brind'Amour :

     " Celui que tu vois inscrit ici, écoute bien lecteur, et qui a été rayé, a été apothicaire ou pharmacien. Et nous en avons été renseigné par Chante. [37]  un apothicaire de cette ville, et par des étudiants qui l'ont entendu dire du mal des docteurs. C'est pourquoi, par décret de la corporation, il me fut enjoint de le rayer du livre des étudiants. Guillaume Rondelet, procurateur. "

     Nostradamus n'a jamais caché cette fonction d'apothicaire qu'il revendiquait, avant même qu'il entame ses études de médecine, confirmée d'ailleurs par la publication de son Excellent et Moult Utile Opuscule, dont nous avons cité plusieurs extraits. L'intervention inhabituelle du Procurateur des étudiants s'explique par le fait que Michel, titulaire d'un Baccalauréat en médecine, exerçait en plus la fonction d'apothicaire, deux professions non cumulatives, comme nous dirions de nos jours. Un simple étudiant Maître ès Arts, qui débutait des études de médecine, ne se serait pas vu infliger une telle humiliation. Voilà donc un autre argument en faveur de notre hypothèse consistant à faire débuter les études médicales de Michel en 1521. Par ailleurs, comme nous l'avons dit, après cinq années de pratique médicale dans des contrées secouées par la peste, Nostradamus avait acquis une certaine renommée, qui était sans doute parvenu aux oreilles des régents de l'Université, d'où peut-être cette jalouse rage à le " rayer des cadres " et à le mettre éventuellement en quarantaine !

     Michel de Nostredame fut quand même reçu comme étudiant à la Faculté de Médecine de Montpellier, puisque nous le trouvons inscrit officiellement dans le registre des Matricules de l'Université. En effet, vingt jours plus tard, le 23 octobre 1529, il est reçu par le professeur Antoine Romier qui le fait inscrire dans le Liber procuratoris studiosorum ou Livre du Procurateur des étudiants. [38]  La coutume était de se choisir un maître auquel on s'attachait, un " patron ", pourrait-on dire aujourd'hui. [39]  Après avoir acquitté quelques jours auparavant les droits corporatifs, Michel se rendait avec le Procurateur des étudiants chez le Chancelier, devant qui il dut établir qu'il était né de légitime mariage, qu'il professait la religion catholique et qu'il n'avait jamais travaillé à quelque art manuel. [40]

     C'est ainsi que le 23 octobre 1529, Micheletus de Nostra Domina inscrit son nom sur le Liber procuratoris. La déclaration rédigée de la propre main de Nostradamus, ainsi que sa signature, viennent après celle d'un certain Ludovicus Durandus.

Ci après une transcription de ce célèbre document :

     " Ego Michaletus de nostra domina, natione provintie vile sancti Remigii, Avinion. dyocesis, veni in han universitatem montis pessulany studere dy gratia in actu et promito me observat. jura et statuta et priviligia edita et edenda ; sorluy jura ejusdem et eligo unm patrum ut pote dominum Antonium Romerium, dye XXIII Mensis octobris, 1529, millesimo quingentesimo visesimo nono die, ut supra, 1529. " [41]

     Voici la traduction française du texte latin, établie par le Dr. Leroy :

     " Michel de Nostredame, de la nation de Provence, de la ville de Saint-Rémy, du diocèse d'Avignon, est venu étudier à l'Université de Montpellier, dont il jure de respecter les statuts, droits et privilèges présents et à venir. Il a acquitté les droits d'inscription et il a élu Antoine Romier comme patron, le 23 octobre 1529. " [42]

Nostradamus, Montpellier, 23 octobre 1529

Seconde inscription retrouvée de Michel de Nostredame, en date du 23 octobre 1529,
conservée à la Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier, registre S 19, f° 105 v :
Nostradamus est inscrit dans le Livre du Procurateur (Liber procuratoris).

     Si les médecins de jadis étudiaient les plantes sur le terrain, ils n'étudiaient guère le corps humain ailleurs que dans les livres. Parfois, le corps d'un supplicié servait aux expériences anatomiques. L'Université réclamait aussi le corps des suicidés et des personnes inconnues. Mais contrairement à des opinions assez répandues sur l'époque, il était très délicat de se procurer ces corps, et l'Eglise interdisait qu'on pratique des dissections sur des cadavres autres que ceux des condamnés à mort suppliciés. Un mois après l'arrivée de Michel, le 23 novembre 1529 il fut décidé l'installation d'un Théâtre d'anatomie (Theatrum anatomicum) : une table de pierre pour les dissections, une chaire en pierre également pour le professeur et un banc pour les élèves. Le Liber procuratoris enregistre ainsi quatre anatomies pour l'année 1529, deux pour 1530, trois pour 1531, cinq pour 1532, trois pour 1533, cinq pour 1534 et deux en 1535.

     On comprend que dans ces conditions, les élèves aient cherché à se procurer clandestinement des cadavres. Un peu partout, des écoliers hardis allaient voler à main armée des cadavres au gibet de Montfaucon, sinon dans les cimetières, comme fit, dit-on, le fameux Vésale. Félix Platter, originaire de Bâle, qui suivit les cours de l'Université de Montpellier de 1552 à 1559, nous a laissé le récit, pittoresque et imagé, de sa vie d'étudiant. [43]  Il nous raconte notamment comment se déroulaient certaines de ces expéditions nocturnes, au cours desquelles il alla, en compagnie de quelques uns de ses camarades, et grâce à la complicité d'un moine, déterrer les corps fraîchement inhumés dans le cimetière du couvent Saint-Denis hors de la ville.

     A cette époque, les démonstrations d'anatomie étaient publiques. Outre les étudiants, il y avait dans l'assistance beaucoup de personnes de la noblesse et de la bourgeoisie, y compris des femmes, bien qu'on fit l'autopsie d'un homme. Même les moines y assistaient. En quelque sorte, on allait à une dissection, comme on assiste aujourd'hui aux conférences de personnalités du moment. [44]

     Le professeur chargé " d'interpréter l'histoire du corps humain " selon l'expression consacrée, en présence d'une nombreuse assistance, recevait un écu. Pour assister à une anatomie, l'étudiant payait 12 deniers tournois. Parfois, des étudiants étaient exonérés de cette redevance, mais le profane payait 15 deniers. Les frais d'anatomie, à la charge de la caisse des étudiants, étaient loin d'être insignifiants. [45]  Dans les séances de dissection, les étudiants, et même les médecins, avaient un rôle passif. Seul le barbier ou chirurgien chargé de la démonstration maniait le scalpel, en suivant fidèlement les prescriptions du professeur. Nostradamus dut assister à la leçon d'anatomie qui eut lieu à Montpellier le 18 octobre 1530, sous la direction du régent Schyron (ou Scuron), et dont un des étudiants, Guillaume Rondelet, plus tard illustre savant, faisait alors fonction de Procurateur des écoliers, comme nous l'avons noter précédemment. Il y avait presque un an que Nostradamus avait débuté les cours pour l'obtention de la licence.

     La période de Carnaval marquait le point culminant des festivités estudiantines. Dès le mois de décembre, un Roi de Carnaval était élu parmi les écoliers. Le banquet était précédé d'un cortège " carnavalesque " à travers les rues de la ville. Les écoliers, armés, se livraient à toutes sortes de jeux qui dépassaient parfois le bon goût. Enfin, à l'issue du repas, une pièce de théâtre, une moralité comme on disait alors, était joué. En 1531, deux ans après le retour de Nostradamus à Montpellier, une célèbre farce fut jouée pour le Carnaval : " la morale comédie de celluy qui avoit espousé une femme muette " [46] , interprétée par François Rabelais et ses " antiques amis " Guillaume Rondelet, Antoine Saporta, Guy Bourguier, Balthazar Noyer, Tolet, Jean Quentin, François Robinet, Jean Perdrier [47] .

     Autant les contemporains de Nostradamus que nos annalistes modernes des coutumes universitaires, nous ont rapporté des détails pleins de saveurs dans des récits à la fois naïfs et piquants, nous contant certaines épisodes de la vie estudiantine à laquelle Michel de Nostredame aura sans doute participé. Le premier mouvement de ces étudiants, même des plus timides, était de se diriger vers les rues mal famées. L'exubérance juvénile des " escoliers " les poussait nous seulement à chercher querelle aux bourgeois mais ils fréquentaient les tavernes et poursuivait les jupons à la recherche de plaisirs charnels. Les désordres auxquels se livraient les étudiants n'attiraient certes point la sympathie des paisibles bourgeois, mais les écoliers (et les professeurs) s'abritaient généralement derrière les privilèges de l'Université.

     Le 20 février 1532, se tient à l'Ecole de Montpellier une réunion, où il est décidé que si les légistes (étudiants en droit) continuent leurs provocations, les étudiants en médecine s'armeront " pour repousser leur insultant défi ". Dans cette éventualité, le Procurateur des étudiants loue six arquebuses, des piques, de la poudre à canon, des balles, et des masques ! Pour le moins, les rapports entre les écoliers et les légistes n'étaient pas toujours bienveillants.

     L'aspirant à la licence devait justifier d'au moins cinq années d'études médicales [48] , s'il était Maître es Arts, à quoi il fallait ajouter l'attestation d'au moins huit mois de pratique, dans une localité des environs. Michel en avait déjà fait six.

     L'examen pour l'obtention de la licence consistait à faire trois cours successifs, qui représentaient d'ailleurs une partie des seize épreuves exigées pour obtenir le grade de docteur en médecine. Ces cours avaient lieu en présence de la foule des licenciés, bacheliers et étudiants en médecine. L'élève montait en chaire pour commenter devant ses camarades, des textes médicaux. Chaque mercredi, jour chômé pour les professeurs en l'honneur d'Hippocrate, durant tous les trois mois du petit ordinaire (qui allait du lundi de Quasimodo à la Saint-Jean), Michel fit un cours sur un texte choisi par le Doyen. Un fois ses Cours terminés, l'étudiant était admis à se présenter à l'examen de la licence. Celui-ci consistait en quatre épreuves dites per intentionem, sous entendu, avec l'intention de parvenir à la licence, afin de se présenter ensuite au doctorat.

     Les quatre épreuves duraient une semaine, à raison d'une épreuve tous les deux jours. La veille du premier jour fixé, Michel reçut un sujet et le lendemain, à la même heure, il lui fallut exposer publiquement sa thèse sur ce point. L'épreuve durait au moins une heure. Après cela, il eut droit à un jour de repos, puis on lui donna un autre sujet et l'examen recommença. Et ainsi de suite. Michel de Nostredame subit ainsi quatre thèses successivement de deux en deux jours. Le futur licencié versait, comme il se devait, quelque argent à chacun de ses juges, et leur fournissait, en plus, une bonne bouteille de vin blanc. Enfin, huit jours après le dernier examen, le candidat à la licence devait passer les " points rigoureux " ou puncta. Ces " points " étaient en fait des interrogations sur des textes précis. Michel se rendit chez le Chancelier et prit un sujet tiré au sort portant sur la commentaires pathologiques dans un ouvrage de Galien, puis chez le Doyen où il prit un sujet extrait des Aphorismes d'Hippocrate, vingt-quatre heures seulement avant la soutenance. L'étudiant pouvait consulter des livres mis à sa disposition par le doyen. Le lendemain, de midi à quatre heures, à la chapelle St-Michel de l'église Notre-Dame-des-Tables, le candidat soutint ses deux thèses en présence cette fois des professeurs seuls, chacune devait être suivie d'une sérieuse argumentation.

    Une fois admis à tous ces examens, le candidat était conduit au palais épiscopal, dans la semaine, afin de recevoir sa Lettre de licence des mains de l'évêque de Maguelone [49]  ou de son Vicaire général, en présence des professeurs délégués par la Faculté.

     Les épreuves du doctorat avaient lieu généralement la même année pour ceux qui restaient à l'Université. Le nouveau licencié était autorisé à passer les Triduanes, c'est-à-dire six autres examens qui avaient lieu, comme le mot l'indique, pendant trois jours, matin et soir; chacun de ces six examens durait au moins une heure.

     Le président du jury pour Michel de Nostredame n'était autre que le maître qu'il s'était choisi, lors de son inscription en 1529, Antoine Romier. Michel se prépara sérieusement à son examen. Le jour venu, sur la présentation d'une liste de douze maladies, le Chancelier et le Doyen en désignèrent chacun trois, puis, matin et soir, pendant trois jours, le candidat argumenta chaque fois devant un professeur différent ces six examens. Si nous en croyons Jean-Aimé de Chavigny, Michel aurait obtenu son diplôme " non sans preuve, louange & admiration de tout le Collège. " [50]  Enfin, les maîtres se levèrent et sortirent de la chapelle, puis les condisciples du candidat vinrent féliciter Michel qui avait recueillit les suffrages d'au moins les deux tiers des professeurs. Il ne lui restait plus qu'à voir son actus triumphalis s'accomplir, comme on disait : le candidat était admis au Doctorat à l'occasion d'une fastueuse cérémonie qui avait lieu dans la paroisse St-Firmin.

     Le lendemain matin des épreuves, ses camarades sont allés chercher Michel à son logis, au son des instruments, et le récipiendaire, accompagné de son parrain, fut promené dans toute la ville pour l'amener à l'église St-Firmin, entouré du peuple avec tout le faste pittoresque traditionnel de l'époque. [51]  Alors commença les discours en latin de quelques régents au récipiendaire. Ce dernier prononça également de beaux discours de remerciement en plusieurs langues, une façon de montrer qu'il était capable d'exercer son nouvel art dans tous les pays.

     On délivra à Michel de Nostredame les insignes du grade suprême en présence de toute une assemblée : il endossa la robe d'apparat [52]  et on le coiffa du bonnet carré de drap noir surmonté d'une houppe de soie cramoisie, puis on lui passa au doigt l'anneau d'or, le ceignit de la ceinture dorée et l'étole à bandes d'hermine. Après lui avoir remis solennellement le livre d'Hippocrate, le jeune docteur prêta serment, selon la formule hippocratique en usage. On le fit ensuite asseoir sur une chaise à côté de son maître de stage. Ce dernier lui donna l'accolade et le bénit. Enfin, on le promenait solennellement, traversant la ville, à cheval, escorté par des joueurs de fifres et de hautbois. Les cloches se mirent à sonner à toute volée et on voyait les femmes au balcon agiter des mouchoirs. Au retour de cette cérémonie, le nouveau docteur va devoir fêter sa promotion suivant l'usage et inviter maîtres et camarades dans une bonne auberge de Montpellier, où Le muscat et l'hypocras vont réchauffer les cours, dans une distribution de pâtisseries et dragées. Tout cela donne une idée approximative de la dépense qu'occasionnait une réception de doctorat.

     Nous pensons que c'est de cette période que date la traduction française d'un opuscule de Galien que Nostradamus publiera plus tard, en 1557, la Paraphrase de Galien[53] . Il pourrait s'agir de son sujet de thèse pour l'obtention de son doctorat, le texte original ayant été rédigé en latin, à l'attention de lettrés, comme le stipule la page de titre. [54]

     Il semble que Michel garda toujours un bon souvenir des " sçavans personnaiges " qu'il avait connus " en la parfaite faculté de medicine " [55]  de Montpellier. Dans la notice qui précède son oeuvre médicale, on relève notamment les noms de deux médecins dont il avait déjà parlé dans son Excellent et Moult Utile Opuscule : Honoré Du Chastel (" Honoratum castelanum ") et François Vallériole (" Francisci valerrollae "). [56]

     Honoré Du Chastel fut immatriculé à Montpellier le 24 novembre 1544, devient bachelier le 15 décembre et docteur avant la fin de l'année, ce qui montre qu'il avait probablement obtenu son doctorat ailleurs et ne faisait que repasser les examens. Vers 1558, il devint premier médecin de la reine Catherine, médecin et conseiller ordinaire de Henri II, François II et Charles IX, et mourut à la Cour en 1569. Dans son Excellent et Moult Utile Opuscule, Nostradamus le cite parmi trois illustres professeurs de Montpellier, avec Antoine Saporta et Guillaume Rondelet : " Honorius Castellanus qui est encores au soleil levant : car il n'est permis à exerceants la faculté Iatrice de rien rediger par memoire qu'ilz ne soient au soleil couchant. " [57]

     François de Valériolle de Narbonne fut immatriculé à Montpellier le 28 septembre 1514, gradué à la faculté d'Avignon le 15 mai 1524, licencié à Montpellier en 1531 [58] . Il pratiqua la médecine à Valence, Vienne en Dauphiné, puis Arles. En 1544, il est appelé par les consuls de cette ville, et il réussit si bien dans sa lutte contre une épidémie, qu'il fut fait praticien ; il se fixa dès lors en Arles, s'y maria et y vécu vingt-huit ans. Il accepta sur ses vieux jours un poste et des gages considérables à la faculté de Turin, ville où il mourut vers 1580. Dans son Excellent et Moult Utile Opuscule, Nostradamus écrit à son sujet : " ... j'ay aussi tenu propos souvent à François Valeriolla, je ne scay si le soleil à trente lieues à la ronde voit un home plus plain de scavoir que luy. " [59]  Et plus loin encore : " Devers nous ne avons que Franciscus Valeriola, duquel en nostre preface avons fait mention, que pour sa singuliere humanité, & pour son scavoir prompte & de memoire tenacissime me contrainct de le rememorer. " [60]

     Nostradamus cite d'autres médecins, dont il a obtenu, semble-t-il un " avis critique " lors de la rédaction de sa thèse. [61]  Nous nous intéresserons à quelques uns de ses confrères et connaissances dont il fait l'éloge au passage dans son Excellent et Moult Utile Opuscule.

     Louis Serre fut immatriculé à Montpellier en 1507. Originaire de la ville de Marseille, où la médecine était le plus mal administré, nous dit Nostradamus, si on excepte " messire Loys Serre, home sçavant & docte, & en presaiges un second Hippocrates " [62] . Plus loin, Nostradamus évoque " la perspicace & sçavoir Hippocratique de maistre Loys Serres, que si Herasistratus estoit en presaiges, l'aduoueroit pour le sien " [63] .

     Antoine Saporta, originaire de Montpellier, fut immatriculé en 1521, l'année où Nostradamus débuta ses études médicales, mais ne fut gradué docteur que dix ans plus tard. Il fut chancelier de la Faculté en 1566. il est évoqué par Nostradamus : " Antonius Saporta filius, que je ne sçay si l'ame de Hippocrates seroit point transformée en luy " [64] .

     Guillaume Rondelet, fils d'un marchand d'épices de Montpellier, fut immatriculé à Montpellier le 2 juin 1529, la même année que Nostradamus, puis reçu docteur en 1537. D'abord médecin du cardinal de Tournon, puis chancelier à Montpellier de 1560 à 1566, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire naturelle. Dans son Tiers Livre, l'auteur de Pantagruel le surnomme, avec une gentillesse humoristique, Rondibilis, conseiller de Panurge sur la question du mariage. Nostradamus fait son éloge sans laisser soupçonner que ce fut lui qui le raya du registre des étudiants de Montpellier, alors qu'il était Procurateur des étudiants : " M. Guillaume Rondelet, à qui [je ne sais si] Aelianus Massarius, ou Dioscorides le lentilleux luy auroient point laissée [leur âme] par une divine mutation de Euphorbi en luy. " [65]

     Philibert Sarrazin, originaire de Charlieu, fut immatriculé à Montpellier en 1539, et reçu docteur en 1545. Etabli à Genève en 1551, il devint le médecin personnel de Calvin et de Viret. Nostradamus prétend lui avoir donné des leçons : " La non pareille cité de Lyon estoit ny a guieres pourueue d'vn notable personnaige de incomparable sçauoir qui est Phil. Sarracenus, qui des miens premiers principes moy ja aagé l'avois instigué, que j'ay ouy dire qu'il s'est retiré à Ville Franche : Illi nec inuideo : mais il me semble que veu sa doctrine, qu'il ne deuoit aller la : car leur regne ne sera guieres durable. " [66]  Les deux hommes se sont peut-être fréquentés dans l'entourage de Scaliger à Agen, car Sarrazin fut régent des écoles de cette ville de 1535 à 1538.

     Jérôme de Monteux, originaire d'Ast, fut immatriculé à Montpellier en 1y18 et fut le premier médecin de François II. Nostradamus dit l'avoir connu à vienne : " ... à Vienne je veis aucuns personnaiges dignes d'une supreme collaudation : dont l'un estoit Hieronymus Montuus home digne de louange. " [67]

     Jacques Dubois fut immatriculé à Montpellier le 20 novembre 1529, la même année que Nostradamus. Il est reçu bachelier le 29 et devient docteur l'année suivante. Il fut professeur au Collège de France en 1550 et mourut en 1555 : " En plusieurs le souverain soleil ne nous a il pas produict pour toute la Gaule universele, mesme en la Gaule Belgique un autre Galien, que est Jacques Sylvius... " [68]

     Ainsi, on constate que tous ces médecins sont liés à l'Ecole de Montpellier. Dès lors, on imagine difficilement que Michel de Nostredame a pu prendre ses grades dans une autre université. Nous pensons, au contraire, avec Brind'Amour, que son passage dans la célèbre Faculté de médecine de Montpellier eut une importance considérable sur sa formation intellectuelle et professionnelle. [69]

     Pour en terminer avec ce médecins de Montpellier, nous ne pouvons passer sous silence François Rabelais, dont nous savons qu'il s'inscrivit à la Faculté de Médecine de cette ville le 17 septembre 1530, moins d'un an après Nostradamus. Les deux hommes se sont vraisemblablement croisés, voire rencontrés, puisqu'ils étaient au même moment dans la même université et fréquentaient les mêmes condisciples, dont les noms nous sont parvenus : Antoine Saporta et Guillaume Rondelet. Rabelais, bachelier au bout de six semaines, sera chargé d'un cours. Il commentera dans le texte grec les médecins Hippocrate et Galien : ce fut une innovation importante car jusqu'ici, les oeuvres de ces médecins de l'Antiquité étaient étudié dans une traduction latine. L'hypothèse souvent rapportée de la rencontre de ces deux personnages qui ont laissé un nom dans l'histoire ne repose sur aucune source sérieuse, mais on peut néanmoins noté, comme une curiosité ou une réparation posthume, le curieux ouvrage anonyme, publié vraisemblablement par Eustache Le Noble [70]  : les deux hommes se rencontrent chez les morts et s'interrogent sur leur existence respective.

     Nous somme en 1533. Le futur docteur ne va pas tarder à reprendre sa vie errante, à l'instar des étudiants qui obtenaient leurs diplômes. Michel se tourna vers une région qu'il connaît bien, se dirigeant tout naturellement vers ces villes de la Garonne où il s'était orienté lorsqu'il était étudiant gyrovague, notamment dans les environs d'Agen : " J'ay autrefois practiqué en la cité de Bourdeaux, de Thoulouse, Narbonne, Carcassonne, & la plus grand part au pays d'Agenois. " [71]  En 1534, Michel est établit comme médecin apothicaire, dans la ville de Port Sainte-Marie.
 

Bibliographie sélective

Notes

[1]  Cf. " Bref discours " in La Première Face du Janus François, Lyon, 1594, p. 2. « Texte

[2]  Les " simples ", comme on appelait alors les herbes médicinales, représentaient une branche de la " pharmaceutrie ", précurseur de ce qui deviendra la pharmacie. « Texte

[3]  Cf. Excellent et moult utile Opuscule, Paris, Antoine Volant, 1556, p. 99 - 100. « Texte

[4]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 5. « Texte

[5]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 156. « Texte

[6]  Cf. Excellent..., op. cit., pp. 3 - 4. « Texte

[7]  Ce calcul est également confirmé par le passage de Chavigny que nous avons cité en préambule, en ajoutant un " séjour de quatre ans " à " l'an 22 de son âge ", et en rappelant que Michel était né en 1503. « Texte

[8]  Cf. B. N. Ms. latin 8592, f° 64v. Voir E.-P.-E. Lhez, " Aperçu d'un fragment de la correspondance de Michel de Nostredame " in Provence Historique, avril- juin 1961, p. 140 et Jean Dupèbe, Lettres inédites, Librairie Droz, 1983, Lettre XXX, p. 96 : " Anni sunt feré quadraginta, à quibus tam rem medicam, quàm iudiciariam versamus ". « Texte

[9]  Nous citons plus loin le passage original, écrit de la propre main de Michel. « Texte

[10]  Cela résulte des dépositions de plusieurs témoins, lors d'un procès de l'Inquisition qui s'est tenu en mars 1538 à Agen. Voir l'abbé Joseph Barrère, Histoire religieuse et monumentale du diocèses d'Agen, tome II, 1856, p. 203 ; M. O. Fallères et le chanoine Durengues, " Enquête sur les commencements du protestantisme en Agenais " in Revue des Travaux de la société d'agriculture, sciences et arts d'Agen, tome XVI, 1913, pp. 213 - 286. Voir également notre Répertoire chronologique nostradamique (RCN), La Grand Conjonction, Guy Trédaniel éditeur, 1990, pp. 401 & 457 - 458. « Texte

[11]  François Rabelais, inscrit le 17 septembre 1530, obtient son baccalauréat le 1er décembre 1530 ! Cependant il quitta Montpellier et resta plusieurs années absent. Il n'obtiendra son diplôme de docteur que le 22 mai 1537, soit tout de même un laps de temps total de sept ans. « Texte

[12]  Nous apporterons d'ailleurs d'autres arguments qui militent en faveur de cette hypothèse. « Texte

[13]  Il est peu probable qu'il continua ses études dans la Faculté de Médecine d'Avignon, puisqu'il nous dit lui-même qu'il quitta cette ville en 1521. « Texte

[14]  Dans son étude biographique, Louis Schlosser est également d'avis que Michel Nostradamus a obtenu ses diplômes de médecine en deux temps : 1521 - 1524 pour le titre de bachelier et 1529 - 1532 (ou 1533) pour le titre de docteur. Voir La vie de Nostradamus, Paris Pierre Belfond, 1985, p. 49. « Texte

[15]  Voir notamment Dr. Cabanès, " La vie d'étudiant à la Renaissance " in Mours intimes du Passé, Paris, Albin Michel éditeur, S. d., 4e série, pp. 99 - 187 et Dr Louis Dulieu, La vie médicale estudiantine à Montpellier pendant la Renaissance, Paris, 1968. « Texte

[16]  Cf. Albert Fabre, Histoire de Montpellier depuis son origine jusqu'à la fin de la Révolution, Montpellier, 1897, p. 240. « Texte

[17]  Cf. Stephen d'Irsay, Histoire des Universités françaises et étrangers des origines à nos jours, Paris, Editions Picard, 1933, tome 1, p. 110. « Texte

[18]  L'Ecole supprimera cet Abbé des étudiants le 25 mai 1527. Car ce dernier, le plus souvent, favorisait les débordements d'une jeunesse dont il avait justement charge de modérer les ardeurs. L'Acte de 1527 disait qu'il causait " gros dommage aux personnes, outre la dépense superflue ". « Texte

[19]  Cf. Oeuvres complètes de Maître François Rabelais, Texte établi et annoté par Marcel Guilbaud, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, Pantagruel, chapitre V, p. 107. « Texte

[20]  Lorsque les étudiants avaient été immatriculés à l'Université, cette dernière les prenait en quelque sorte sous sa protection et ils échappaient ainsi à la juridiction temporelle. Un tel " privilège de scolarité " leur permettait bien des débordements, voire de commettre nombre d'injustices dont se plaignaient à juste raison les habitants. Ajoutons que les professeurs prenaient généralement fait et cause pour leurs " escoliers ", quand ils ne prenaient pas part à leur dissipation ! « Texte

[21]  Les Statuts de 1534 lui donnent le titre de Procurator baccalaureorum studentium. Sa juridiction s'étendait en effet aux deux classes universitaires. « Texte

[22]  Notons que cette charge fut abolie le 31 octobre 1550. « Texte

[23]  C'est-à-dire le 21 juin. « Texte

[24]  Cf. Rabelais, Oeuvres complètes... Gargantua, chapitre XXII, pp. 97 - 104. « Texte

[25]  Cf. Rabelais, Oeuvres complètes... Pantagruel, chapitre V, pp. 107. « Texte

[26]  Cf. A. Doumenc, Le Mémorial de la Terre de France, Grenoble, 1942, p. 31. « Texte

[27]  Cette robe est connue dans le monde médical sous le nom de robe de Rabelais ! Voir infra. « Texte

[28]  Cf. Dr. Cabanès, Moeurs intimes du passé, 4e série, p. 3, note 1. « Texte

[29]  Cf. A. Germain, Histoire de la commune de Montpellier, t. III, p. 93. Voir aussi la Notice de V. Broussonnet sur Laurent Joubert, p. 4 et Astruc, Mémoires pour servir à la Faculté de médecine de Montpellier, pp. 88 et 330. « Texte

[30]  Cf. Balthasar Guynaud, La concordance des prophéties de Nostradamus avec l'histoire, Paris, Jacques Morel, 1693, p. 9. « Texte

[31]  Il semble que Nostradamus s'en est souvenu bien des années après, car le nom de Narbonne revient, dans les Centuries, avec une fréquence disproportionnée quant à son importance politique. « Texte

[32]  Cf. Le Remede tres utile contre la Peste & toutes fievres pestilentielles, avec la maniere d'en guerir, Paris, Chez Guillaume Nyverd, 1561 (RCN, p. 54). Ce livre est perdu, mais le titre a été conservé par les catalogues des foires de Francfort. Une adaptation anglaise, intitulée An excellent Treatise, shewing such perillous and contagious infirmities et imprimée à Londres en 1559 (RCN, p. 42), peut-être du même ouvrage, fait supposer une édition de l'original antérieure à 1561. « Texte

[33]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 53 - 54. Nostradamus évoque ici un épisode de la peste d'Aix-en-Provence de 1546. « Texte

[34]  Les droits d'inscription se montèrent à deux livres tournois au Procurateur des étudiants et vingt sols à la Caisse de l'Université. « Texte

[35]  Ce registre qui s'étend du 19 février 1503 au 3 juin 1561 est conservé précieusement par la Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier. « Texte

[36]  Cf. Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier, Registre S2, f° 87. Voir Marcel Gouron, Documents inédits sur l'Université de Médecine de Montpellier (1495 - 1559) : les débuts de la médecine légale à Montpellier à la fin du XVème siècle in Montpellier Médical, 1956, Volume 50, p. 375. Voir la reproduction photographique dans les Cahiers Michel Nostradamus, n° 2, p. 20 et la transcription de Pierre Brind'Amour, Nostradamus astrophile, Editions Klincksieck, 1993, p. 114. « Texte

[37]  Selon Brind'Amour, " Chante " serait le nom abrégé de l'apothicaire délateur, alors que Marcel Gouron introduit une notion de hasard : " par chance " ! Cf. Gouron, Documents inédits, pp. 372 - 377. « Texte

[38]  Ce recueil de 165 feuillets non numérotés relate par le détail tous les événements de la vie étudiante du 26 mars 1526 au 15 décembre 1535. On notera ainsi que le registre des années antérieurs à 1526 est perdu, et avec lui, l'inscription de Nostradamus en 1521. Voir A Germain dans Les étudiants de l'Ecole de Médecine de Montpellier au XVIe siècle (Etude historique sur le Liber procuratoris studiosorum), dans Revue historique, Janvier - Avril 1877, pp. 31 - 70. Le Dr. Edgar Leroy, dans son Nostradamus, ses origines, sa vie, son oeuvre (Bergerac, Imprimerie Trillaud, 1972, p. 58) en donne le texte in extenso. Cf. Gouron, Documents inédits, p. 375 et aussi du même auteur, Matricule de l'Université de Médecine de Montpellier (1503 - 1599), Genève, Droz Editeur, 1957. Nostradamus est inscrit sous le matricule n° 943. Voir la reproduction photographique dans Saulnier, " Médecins de Montpellier au temps de Rabelais " in Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, tome XIX, 1957, pp. 426 - 427 et les Cahiers Michel Nostradamus, n° 2, p. 20. « Texte

[39]  Le choix d'un " maître de stage " comme le professeur Romier et qui ne concernait que ceux qui préparaient la licence et le doctorat démontrent que Michel de Nostredame était déjà bachelier en médecine lors de cette inscription. « Texte

[40]  Une catégorie d'élèves était systématiquement écartée de l'Université, ceux qui avaient auparavant exercé un art manuel, un interdit qui visait principalement les barbiers (chirurgiens) et les apothicaires (pharmaciens). « Texte

[41]  Cf. Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier, Registre S 19, f° 105 v°. « Texte

[42]  Cf. Dr. Leroy, Nostradamus..., op. cit., p. 58. « Texte

[43]  Cf. Félix et Thomas Platter à Montpellier 1552 - 1559 / 1595 - 1599. Notes de voyage de deux étudiants bâlois, Montpellier, Camille Coulet, 1892. « Texte

[44]  Il en était de même pour les exécutions judiciaires. Il semble que ceci soit revenu à la mode, puisque récemment, dans un pays européen, on a pratiqué une autopsie devant un public autre que médical ! « Texte

[45]  Une note extraite des registres officiels montre qu'il en coûtait en l'an 1527, pour pratiquer une anatomie, 1 écu, 10 livres, 105 deniers et 85 sous. « Texte

[46]  Cf. Rabelais, Oeuvres complètes... Le Tiers Livre, chapitre XXXIV, p. 197. « Texte

[47]  Ces représentations théâtrales avaient lieu en plein air, la population en foule y assistait. « Texte

[48]  On rappelle que l'année scolaire était évaluée à raison de huit mois. « Texte

[49]  L'évêque de Maguelone avait à Montpellier même une résidence qui était connue sous le nom de Salle l'Evêque. Voir Dr. Louis Dulieu, Les locaux médicaux d'enseignement à Montpellier à travers les âges in Montpellier Médical, 3ème série, t. LVII, n° 6, Juin 1960, pp. 647 - 680 et Albert Fabre, Histoire de Montpellier depuis son origine jusqu'à la fin de la Révolution, Montpellier, 1897, p. 103. On notera que l'Evêque était le Conservateur des privilèges de l'Ecole. « Texte

[50]  Cf. " Bref discours " in La Première Face du Janus François, Lyon, 1594, p. 2. « Texte

[51]  Cette tradition fut scrupuleusement observée jusqu'à la ruine de St-Firmin en 1561. « Texte

[52]  Cette robe, au dire d'Astruc (voir ses Mémoires pour servir à l'Histoire de la Faculté de Médecine de Montpellier, Paris, 1767, p. 85) date de François Rabelais, célèbre docteur de la Faculté de Montpellier dont elle prit le nom. Selon la coutume, avant de quitter sa robe de médecine, Nostradamus a sans doute coupé discrètement quelques lambeaux, qu'il emporta avec lui, comme une sorte de relique. « Texte

[53]  Cf. La Paraphrase de C. Galen, sus l'exortation de Ménodote, aux estudes des bonnes Artz, mesmement Medicine : Traduict de latin en Francoys, Lyon, Antoine du Rosne, 1557, B. Mazarine, 29247 (3) f° A2iv. Cf. RCN, pp. 25 - 27. « Texte

[54]  Nous savons par exemple que Rabelais pris comme sujet de thèse les Aphorismes d'Hippocrate et l'Art médical de Galien. Voir l'épître-dédicace des Aphorismes d'Hippocrate, second livre publié par Rabelais, à Lyon, chez Sébastien Gryphe (15 juillet 1532) in Oeuvres complètes... Pantagruel, p. 308. « Texte

[55]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 217. « Texte

[56]  Cf. La Paraphrase..., op. cit., f° A2iv. « Texte

[57]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 217. « Texte

[58]  Cf. Dr. Leroy, op. cit., p. 66, note 1. « Texte

[59]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 12 - 13. « Texte

[60]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 220. « Texte

[61]  Cf. Brind'Amour, op. cit., p. 115 - 117. « Texte

[62]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 101. « Texte

[63]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 217. « Texte

[64]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 217. « Texte

[65]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 217. « Texte

[66]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 219. « Texte

[67]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 219 - 220. « Texte

[68]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 13 « Texte

[69]  Cf. Brind'Amour, op. cit., p. 117. « Texte

[70]  Cf. Entretien de Rabelais et de Nostradamus, Cologne, Pierre Marteau, 1690, B. Arsenal, 8° H 8380 / 2. Voir RCN, pp. 264 - 265. Cette pièce ne figure point dans les Oeuvres de M. Le Noble, La Haye, 1726, 19 vol.). Toutefois, le tome IX contient un dialogue entre Nostradamus et Machiavel, qui présente quelque analogie avec le précédent. Ajoutons que Louis Loviot a reproduit ce texte dans son article publié par la Revue des Etudes rabelaisiennes, tome V, 1907, pp. 176 - 184. « Texte

[71]  Cf. Excellent..., op. cit., p. 218. « Texte


Référence de la page :
Robert Benazra: L'étudiant en médecine Michel de Nostredame (1521-1533)
http://cura.free.fr/xxx/26benaz4.html
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