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L'astrologie française au XXème siècle
par Patrice Guinard




N. Éd.: Une ébauche de ce texte figure en annexe de ma thèse de doctorat (1993).
 

Deux siècles séparent l'Uranie (1697) d'Eustache Lenoble (voir 10lenob.html) des premiers traités de Fomalhaut (1897), Selva (1900) et Choisnard (1901), deux siècles au cours desquels l'astrologie française, à défaut d'avoir été sciemment déboutée du champ de la connaissance, a néanmoins glissé dans "l'occultisme", faute de pouvoir s'aligner sur les modèles sécularisés du savoir ou de se conformer aux canons technico-scientistes du siècle des Lumières.

Le tableau qui suit a pour objet l'analyse des principaux courants qui ont marqué le réveil puis l'expansion de la pensée astrologique de langue française au cours du XXème siècle. Les astrologues sont-ils réellement détenteurs d'un savoir, d'une culture ? Certains d'entre eux figureront-ils dans les encyclopédies de demain ? Les parti-pris idéologiques concernant l'astrologie seront-ils amenés à décliner ? Je réponds "oui" à ces diverses questions. D'où l'intérêt d'un tel recensement.

Certes l'astrologue contemporain apparaît comme marginalisé, en raison de la particularité de son savoir, mais aussi parce qu'il reste très désengagé dans la recherche intellectuelle développée dans d'autres branches de la connaissance. Trop peu de ponts sont dressés entre l'astrologie et les sciences humaines, la philosophie, et l'épistémologie. Les astrologues restent très en retard par rapport aux avancées des différents domaines de la recherche. J'en ai donné les raisons dans la seconde partie de mon Manifeste (voir 01manif.html).

L'astrologue ignore généralement non seulement l'histoire ancienne, mais encore la plus proche. Les fabricateurs de manuels de cuisine pseudo-astrologique et de vulgarisation ne citent pas leurs sources. Certains se contentent d'une courte bibliographie de circonstance. Même les astrologues sérieux répugnent à citer leurs prédécesseurs : par exemple Nicola dont on pourrait croire, à la lecture de ses traités de 1964 et de 1977, qu'il a inventé l'astrologie à lui seul.

Certains déploreront l'absence de leur instructeur préféré à ce recensement des astrologues d'expression française. Pourtant on peut penser que les astrologues susceptibles d'être encore lus dans quelques décennies est en-deça du nombre d'astrologues que je présente dans cette étude. J'ai introduit des auteurs dont l'originalité est discutable et dont la présence ne se justifie que par leur influence. Je ne crois pas avoir écarté un seul astrologue digne d'intérêt. A vrai dire, on peut considérer que seuls deux ou trois d'entre eux pourront encore intéresser les générations futures.

Si les années 60 et 70 peuvent être considérées comme l'âge d'or de l'astrologie française, on constate un certain vide dans les deux dernières décennies du XXè siècle. Même si l'influence française a décliné pendant cette période au profit des anglais notamment, je ne crois pas que les talents et les vocations soient en cause, mais plutôt le durcissement idéologique de la politique éditoriale vis-à-vis de l'astrologie. Choisnard pouvait publier ses ouvrages au début du siècle chez Ernest Leroux, l'éditeur des historiens Bouché-Leclercq et Cumont, ou encore dans la prestigieuse maison d'édition des philosophes et psychologues, Alcan. Volguine est encore édité chez Flammarion, Gauquelin chez Denoël, Barbault au Seuil, Verney chez Fayard. Les astrologues de la fin de ce siècle sont refoulés chez des éditeurs de second plan dont les collections sont contrôlées par des incapables. On cherche à vendre de l'astrologie, et non plus à en faire. C'est ainsi que la logique idéologique du Marché aura eu raison, au cours de ce dernier quart de siècle, des efforts de la recherche (voir 09ed1tem.html).
 

1. FOMALHAUT (pseudonyme de Charles Nicoullaud)

- né le 3 mai 1854 à 9h, Paris (+ 1925)
(source De Herbais de Thun, 1944)
(né le 3 mars 1854 et + en 1923 selon d'autres sources)
- auteur d'un classique, le Manuel d'astrologie sphérique et judiciaire (Paris, Vigot, 1897), dans lequel le nom de la trans-neptunienne Pluton est signalé (mais voir 06syssol.html).
- l'ouvrage est apprécié par Choisnard, mais Bouché-Leclercq écrit dans son Astrologie grecque (Paris, 1899, p.XIX) : "Les noms d'étoiles dont ils [ces Pétosiris attardés] s'affublent ne garantissent pas plus leur science que leur foi."
 

2. F. Charles BARLET (pseudonyme de Albert Faucheux)

- né le 12 octobre 1838 à 13h35, Paris (+ 1921)
(source De Herbais de Thun, 1944)
- occultiste, érudit, bibliophile, fondateur de la revue La Science Astrale (1904-1907)
- a peu publié sur l'astrologie : son principal ouvrage, Les génies planétaires (Paris, Le Voile d'Isis, 1921), a d'abord été publié dans les revues L'Initiation puis La Science Astrale.
- son élève Abel Haatan (pseudonyme de Abel Thomas) est l'auteur d'un Traité d'astrologie judiciaire (Paris, Chamuel, 1895)
 

3. Henri SELVA (pseudonyme de Arthur Herrmann Vlès)

- né le 8 juin 1861 à 23h, Baden Baden (+ en Juillet 1944 à Paris)
(source De Herbais de Thun, 1944 ; & P. Guinard : courrier d'un descendant reçu le 9 mai 2008)
- auteur d'origine juive, pionnier de la recherche rationnelle et statistique avec Choisnard, fondateur de la revue éphémère Le Déterminisme Astral (1904-1905)
- auteur d'une adaptation de Morin, La théorie des déterminations astrologiques de Morin de Villefranche (Paris, Bodin [1902]; éd. Traditionnelles, 1976; 1981) et de La domification ou construction du thème céleste en astrologie (Paris, Vigot, 1917), qui étudie une dizaine de méthodes de domification.
- son ouvrage principal reste le Traité théorique et pratique d'astrologie généthliaque (Paris, Chamuel, 1900). Les "influences astrales" serait dues à l'intégration par le système nerveux de forces suprasensibles, sous forme de rythmes dont la lumière serait l'indicateur. Selva préconise le calcul des positions apparentes des planètes par rapport au lieu d'observation (et non leur projection sur l'écliptique) et rejette du corpus astrologique les facteurs fictifs (noeuds, parts, planètes hypothétiques...) comme ceux qui n'obéissent pas à un cycle périodique significatif.
- influence décisive sur Nicola
 

4. Paul CHOISNARD (pseudonyme Paul Flambart)

- né le 13 février 1867 à 23h, Tours, 47N23 0E41 (+ 9 février 1930 dans la fameuse 63è année climatérique)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via Luc de Marré)
- polytechnicien, auteur d'une trentaine d'ouvrages, fondateur de la revue éphémère L'Influence Astrale (1913-1914), et incontestable maître à penser de l'astrologie française du début du siècle. Ses ouvrages recouvrent les trois branches principales de la recherche astrologique (ouvrages techniques et statistiques, réflexion d'ordre épistémologique, histoire de l'astrologie).
- auteur de Influence astrale (Essai d'astrologie expérimentale), Paris, Chacornac, 1901; 1913; 1926) : "Pour les astrologues anti-scientifiques, l'astrologie ne peut consister qu'à appliquer avec plus ou moins d'habileté les aphorismes incohérents qui se trouvent dans les ouvrages anciens et qu'ils décorent du nom de tradition, sans aucun souci de vérification positive." (préface de l'éd. de 1913, p.31)
- auteur de Langage astral (Paris, Chacornac, 1902; 1921; 1928; 1930; 5è éd. rev. 1941). Cet ouvrage, plus pratique que le précédent, contient des thèmes commentés et près de 275 données de naissance (état civil pour la plupart, ou biographies). Choisnard réinvente la représentation, zodiacale (et circulaire) du thème natal (cf. Otto Neugebauer & Henry Van Hoesen, Greek horoscopes, Philadelphia, American Philosophical Society, 1959, p.18) : "Je trace un cercle à douze secteurs égaux figurant, par sa circonférence, l'Écliptique (ou orbite apparente du Soleil) avec ses douze signes du Zodiaque." (p.68)
- auteur de La loi d'hérédité astrale (Paris, Chacornac, 1919), qui avance l'hypothèse de lois d'hérédité de nature astrale, et stipule la transmission par les parents d'une certaine sensibilisation planétaire, marquée par les Angles du thème, et par suite une tendance du nouveau-né à naître sous un ciel conforme à celui de ses géniteurs.
- influence sur Michel Gauquelin qui reprendra ces hypothèses et leur donnera une nouvelle légitimité.


 

MON AVIS: Choisnard est le pionnier de l'astrologie empirique, "démonstrative", à prétention scientifique, fondée sur la recherche des "faits". L'astrologie serait la seule discipline à établir des correspondances entre les facultés humaines et les objets extérieurs. L'astro-statistique moderne naît avec lui (parmi ses prédécesseurs: Luca Gaurico et son Tractatus astrologicus, John Goad et son Astro-Meteorologica). Cent ans après, on peut estimer que cette approche reste naïve, enracinée dans le contexte positiviste du début du siècle, et que les "preuves expérimentales" des "influences" planétaires suscitent bien des questionnements. Restent à l'actif de cet astrologue: sa méfiance envers toute application pratique de ses "résultats", sa critique de la prédiction astrologique (qu'elle soit individuelle ou collective), et son sentiment qu'il faut rester circonspect dans le domaine de la consultation, allant même jusqu'à envisager sa suspension.
 

5. JULEVNO (pseudonyme de Jules Evenot)

- né le 16 mars 1845 à 15h, Vannes, 47N39 2W46 (+ 1915)
(source De Herbais de Thun, 1944)
(né à 16h, à Questemberg, Morbihan, selon sa femme)
- helléniste et latiniste, traducteur de Ptolémée et de l'américain Thomas Burgoyne, auteur d'une compilation classique, le Traité d'astrologie pratique (Paris, Chacornac, 1912-1921-1927, 3 vol.)
 

6. Eugène CASLANT

- né le 1 décembre 1865 à 22h, Nanteuil-le-Haudouin (près de Senlis), 49N08 2E48 (+ 1940)
(source De Herbais de Thun, 1944)
- polytechnicien, colonel, auteur d'éphémérides perpétuelles.
- dans son principal ouvrage, Les bases élémentaires de l'astrologie, édité à titre posthume (Paris, Éd. Traditionnelles, 1976-1978, 2 vol.), Caslant se réclame d'une astrologie "scientifique" mais non statistique. Cet ouvrage au style ampoulé reste difficile à lire.
 

7. Gustave-Lambert BRAHY

- né le 1 février 1894 à 23h, Grivegnée (banlieue de Liège), 50N38 5E34 (+ 1989)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via Luc de Marré)
- conférencier, leader de l'astrologie belge, fondateur en 1926 de la Revue Belge d'Astrologie, qui devient Demain en 1930.
- auteur de prédictions (astrologie mondiale) et de bulletins financiers.
- son ouvrage le plus célèbre, Fluctuations boursières et influences cosmiques (Institut Astrologique de Belgique, 1933; 2è éd. Bruxelles, Demain, 1941) est une étude des cycles économiques et boursiers.
 

8. Karl Ernst KRAFFT

- né le 10 mai 1900 à 12h45, Bâle, 47N33 7E35 (+ 1945)
(source état civil ; Krafft in Cahiers Astrologiques, 10, Nice, 1939, p.162, et in Traité d'astro-biologie, p.172)
- conférencier international, auteur de nombreux articles et ouvrages, tant en allemand qu'en français. Soutient l'idée d'une influence de radiations d'ordre cosmique sur les glandes endocrines.
- auteur des Influences solaires et lunaires sur la naissance humaine (Paris, Maloine, 1928).
- dans son "ouvrage-culte", écrit en français, le Traité d'astro-biologie (Paris, Legrand & Lausanne, Porchet, 1939), il généralise (échantillons importants) les recherches statistiques de Choisnard, à la fois sur les activités sociales et sur l'hérédité.
- fondateur de la typocosmie, adoptée par son aîné, le psychologue suisse Adolphe Ferrière (1879-1960), qui est une réflexion sur les archétypes astraux dont les combinaisons caractérisent les phénomènes du monde visible. Il répudie l'approche statistique dont il montre les limites et les insuffisances (et dont il a été l'un des leaders), pour en revenir à une réflexion sur les symboles.
- sa Correspondence (ms University of London, Ann Arbor) offre quelques réflexions intéressantes sur sa vie et sur sa pensée: cf. par exemple ses spéculations financières malheureuses ("Fi pour les cours de la Bourse de New York ; leur dégringolade récente m'a coûté tout ce que j'avais gagné cet automne, et encore de l'argent par dessus!", lettre du 28 déc. 1931) et son sentiment (sept. 1939) que ce seraient les Juifs qui ont voulu la guerre. Krafft est décédé lors de son transfert au camp de Buchenwald.
- Une moitié de l'ouvrage d'Ellic Howe, Urania's children. The strange world of the astrologers (London, William Kimber, 1967) lui est consacrée (traduction française approximative en 1968 ; nouvelle édition anglaise corrigée en 1984).


 
 

9. André BOUDINEAU

- né le 4 février 1891 à 7h, Villeneuve-St-Georges, 48N44 2E27 (+ 1989)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via revue L'Astrologue, 85, 1989)
- ingénieur, disciple de Choisnard, rédacteur en chef de la revue Astrologie (fondée en 1934), vice-président de la Société Astrologique de France (1934-1937), président du 4è congrès international d'astrologie (Paris, 1937).
- auteur des Bases scientifiques de l'astrologie (Paris, Chacornac, 1937; éd. Traditionnelles, 1966; 1976), manuel technique classique à l'usage des astrologues.
 

10. Dom NÉROMAN (pseudonyme de Pierre Rougié)

- né le 18 juin 1884 le soir, Gramat (Lot), 44N47 1E43 (+ 1953)
(source Patrice Guinard, état civil)
(né à 23h selon lui-même)
- ingénieur des mines, fondateur de l'association du Collège Astrologique de France (C.A.F.) en 1933, éditeur de la revue Sous le Ciel (1936-1940), principal théoricien de l'astrologie française après la disparition de Choisnard, esprit critique et vindicatif, personnalité attachante quoiqu'en pense De Herbais de Thun.
- auteur d'une vingtaine d'ouvrages (dont certains philosophiques), parmi lesquels: Grandeur et pitié de l'astrologie (Paris, Sorlot, 1940) [cf. 09placm.html] et le Traité d'astrologie rationnelle (Paris, Sous le Ciel, 1943; Paris, La Table d'Emeraude, 1982), dans lequel on peut trouver le terme "impression astrale" (p.387).


 

MON AVIS: L'astrologie de Néroman, spéculative, extrêmement complexe dans le détail (et par suite impraticable), multiplie les structures, forge de nouveaux concepts, développe de nouvelles techniques (le Domigraphe), et systématise les problématiques, tout en recherchant la cohérence interne du corpus astrologique. Les Maîtrises (Domiciles et Exaltations), qui apparaissent comme la pierre angulaire de la théorie, sont établies d'après l'adéquation des 12 signes zodiacaux avec les "12 facteurs planétaires" (incluant la Terre et les astéroïdes). Néroman veut faire table rase du passé et de la "tradition", et invite à ne pas se payer de mots eu égard à l'astrologie dite "scientifique". Il est le premier astrologue français à avoir compris l'intérêt d'une restructuration logique du corpus astrologique, qui soit indépendante à la fois d'une "tradition" à laquelle on ne se fie plus aveuglément, et de méthodes dites scientifiques (essentiellement statistiques) qui le privent de l'essentiel - sa cohérence systémique. Nicola suivra la même voie, avec des outils très différents.
 

11. Henri GOUCHON

- né le 1 mars 1898 à 7h30, Roreto Chisone (près de Pinerolo, Italie), 44N59 7E06 (+ 1978)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via revue Cahiers Astrologiques, 195)
- auteur, en collaboration avec Jacques Reverchon, du fameux Dictionnaire astrologique (Paris 1935-1937-1940, 3 vol.; Paris, Dervy, 1975). Adepte de la triple dominante (élémentale, zodiacale et planétaire).
 

12. Léon LASSON

- né le 17 septembre 1901 à 14h51, Saint-Bueil (près de Chambéry), 45N29 5E41 (+ 1989)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via Patrice Louaisel, in revue Astrolabe, 16)
- auteur de Astrologie mondiale : Quinze ans de paix sur l'Europe (Bruxelles, Demain, 1938). Cette tentative de réhabiliter la "prédiction" en astrologie mondiale est un véritable fiasco (Cf. de même Gabriel Trarieux d'Egmont : Que sera 1939 ? (Paris, Flammarion, 1938) et 01qqa2.html , note 31)
- son meilleur ouvrage, Ceux qui nous guident (Paris, René Debresse, 1946), contenant plus de 500 données de naissance, influencera les travaux de Michel Gauquelin. Les recherches statistiques de Lasson, appliqués au cycle journalier des planètes, et non plus au cycle annuel comme souvent chez Choisnard et Krafft, annoncent les "courbes Gauquelin" et soulignent la présence, plus fréquente que la moyenne, aux angles du thème, d'une planète spécifique selon l'activité du natif : Mars chez les militaires, Saturne chez les savants, mais aussi Vénus chez les artistes ou encore Neptune chez les mystiques...
 

13. Alexandre VOLGUINE

- né le 3 mars 1903 (Grégorien) à 5h45, Novaja Praga (près de Kirovograd, Ukraine), 48N33 32E54 (+ 1976)
(source Jacques de Lescaut, 600 personnalités des Poissons, Bruxelles, 1982)
- érudit, historien, et instigateur de traductions de textes anciens, fondateur des Cahiers Astrologiques (Nice) en 1938, probablement la meilleure revue astrologique française, qui paraît jusqu'en 1983.
- réhabilite le "maître de nativité" et développe la technique des "encadrements planétaires" (proche des mi-points de l'allemand Witte).
- auteur de Astrologie lunaire (Nice, Cahiers Astrologiques, 1936; Paris, Dervy, 1972) et surtout de L'ésotérisme de l'astrologie (Paris, Dangles, 1953). Hostile aux recherches statistiques, étriquées et réductrices, Volguine dénonce les compromissions et concessions faites par une astrologie dévoyée et bâtarde "à la mentalité moderne que borne le matérialisme" (p.18), et revendique une conception métaphysique, trans-historique et trans-culturelle, de l'astrologie, qui intègrerait les apports indiens, chinois et mexicains.
- son meilleur texte reste L'astrologie chez les Mayas et les Aztèques (Nice, Cahiers Astrologiques, 1946), encore cité par Lester Ness dans la bibliographie commentée de son ouvrage, Written in the stars: Ancient zodiac mosaics (Warren Center (Pennsylvania), Shangri-La Publications, 1999, p.220), lequel fait suite à sa thèse doctorale de 1990.
- l'astrologie de Volguine a bien vieilli, et sa grille de valorisation des facteurs planétaires, qui continue à être utilisée, donne des dominantes souvent fantaisistes.
 

14. Jean-Gaston VERDIER

- né le 6 août 1886 à 5h27, Tourcoing, 50N43 3E09 (+ ?)
(source De Herbais de Thun, 1944)
- ingénieur, auteur de Ce que disent les astres (Paris, Stock, 1940; Stock, 1970), manuel classique, qui s'inspire essentiellement des travaux de l'allemand Herbert von Klöckler.
 

15. Jacques REVERCHON

- né le 27 mars 1909 à 0h43, Paris (+ 1985?)
(source De Herbais de Thun, 1944)
(né à 12h30, Paris 6è, selon Jacques Halbronn)
- pilier des Cahiers Astrologiques (sous son nom, comme sous divers pseudonymes dont Gerson-Lacroix, Brûlard, J. R., Scribe, Scrutator), collabore au 2e volume du Dictionnaire astrologique de Gouchon, ainsi qu'à son supplément, auteur d'éphémérides cycliques (1938) admirées de Krafft
- auteur d'une brochure bilingue, Valeur des jugements et pronostics astrologiques (Yerres, 1971, cf. 25rvchon.html), qui est une critique radicale des prédictions astrologiques (et notamment des travaux d'André Barbault), participe à la vérification des données pour le laboratoire (L.E.R.R.C.P.) des Gauquelin, et en 1983 à la revue de Françoise Schneider-Gauquelin.
- conclut dans son ouvrage de recherche statistique, La vérité sur l'astrologie (Paris, Cahiers Astrologiques, 1978, p.70), que "l'astrologie constitue un immense champ de recherches laissé en friche depuis des siècles, au grand profit des rêveurs et des charlatans. (...) il est stupéfiant qu'à l'époque où l'on mobilise des moyens gigantesques pour l'exploration des banlieues terrestres, on se refuse, sur le même plan, à consacrer ne serait-ce qu'un peu de temps (à part celui gaspillé en sarcasmes et en jugements téméraires, doctoralement énoncés - et qui vaudront un jour ce que valent les sentences de la défunte Inquisition -), à l'étude (praticable d'emblée), de cette fascinante et mystérieuse connexion entre l'homme et son milieu cosmique."
- son ouvrage principal reste les Notions d'astrologie (Paris, Dangles, 1946): "Il faut repenser l'Astrologie avant de commencer sa vérification." (p.9)
 

16. Armand BARBAULT (pseudonyme : Rumélius)

- né le 2 avril 1906 à 9h51, Champoulet (près de Briare), 47N40 2E55 (+ 1974)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via revue Cahiers Astrologiques, 149)
- frère aîné d'André Barbault, ingénieur et alchimiste, auteur de L'or du millième matin (Paris, J'ai Lu, 1970).
- ses premiers articles astrologiques paraissent en 1936 dans la revue Consolation.
- auteur du traité Technique de l'interprétation: Les bases naturelles de l'astrologie (Paris, France-Belgique, 1947; Dervy, 1986)
 

17. Claire SANTAGOSTINI

- née le 9 mai 1898 à 7h, Paris (+ 1986)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via Patrice Louaisel, in revue Astrolabe, 16)
- directrice de collège, influencée par l'anthropologie de Marcel Jousse, auteur de plusieurs ouvrages didactiques, très accessibles au débutant, parmi lesquels Initiation à l'astrologie globale (Paris, éd. Traditionnelles, 1976), d'après ses cours professés durant l'hiver 1953-54), et Assimil astrologique, Paris, éd. Traditionnelles, 1969; 1977).
- dans son principal ouvrage théorique, L'horoscopie cartésienne (Paris, éd. Traditionnelles, 1965), elle engage une réflexion sur l'analogie, laquelle devrait exprimer "un rapport, non une ressemblance." (p.41), et sur le symbole : "Nous ne sommes pas d'accord avec les astrologues qui pensent que le Symbole (uniquement traditionnel, et d'ailleurs non défini) suffit pour fonder l'Astrologie, ce qui lui donnerait valeur, non seulement de concept à valeur universelle, mais aussi de cause. Ceci, du point de vue de la pensée, est inadmissible." (p.159-160). Elle se place sur "le terrain de la pensée pure (philosophique)" qu'elle oppose à la "pensée scientifique" de Nicola (p.58), comme à la recherche empirique d'André Barbault (p.25).


 

MON AVIS: "Santa" préconise, à l'instar de Dom Néroman et de Descartes(!), de faire table rase du passé, afin de reconstruire l'astrologie. Astrologue-philosophe, elle avance l'idée selon laquelle l'exercice astrologique est essentiellement réflexif (à la fois théorique et pratique), ce qui suppose une confrontation permanente du discours astrologique au réel, et critique la stérilité d'un empirisme brut qui ne déboucherait pas sur une modélisation. Une autre de ses idées, tout aussi importante, concerne la nécessité d'une approche constructiviste du thème par son interprétation globale, laquelle nécessite une hiérarchisation des facteurs (valorisations planétaires), une subordination des planètes les unes aux autres (notion de "chaîne planétaire"), et finalement une simplification du thème, faute de quoi cette globalisation resterait hors de portée des capacités de l'esprit. Il en résulte une critique des manuels standard : "Toutes ces significations [planètes dans les signes, planètes dans les maisons, aspects...] ont une valeur certaine de documentation, mais seulement de documentation." (in Cahiers Astrologiques, 104, 1963, p.175). Ces excellentes idées ont eu une influence décisive sur toute une génération de praticiens et donné naissance à une sorte de spécificité française. Claire Santagostini est la première grande dame de l'astrologie française, et l'intérêt des travaux de son aînée Janduz, alias Jeanne Duzéa (1874-1954), reste moindre.
 

18. Alexander RUPERTI

- né le 23 mai 1913 à 22h08, Stuttgart, 48N46 9E11 (+ 1998)
(source Jacques de Lescaut, 1994, via Lois Rodden, AstroData News, 3, 1986)
- conférencier international, naturalisé anglais, disciple de Dane Rudhyar dont il diffuse l'enseignement (astrologie dite humaniste et transpersonnelle) au sein de son Réseau d'Astrologie Humaniste, auteur de nombreux articles.
- ses ouvrages principaux sont le Cours sur l'astrologie psychologique de Rudhyar (Bruxelles, 1948-49, 2 vol.), et son ouvrage Les cycles du devenir (Cycles of becoming); tr. fr. Marief Cavaignac, Monaco, Le Rocher, 1981).
 

19. André BARBAULT

- né le 1 octobre 1921 à 17h, Champignelles (Yonne), 47N47 3E03.
(source lui-même, dans divers ouvrages)
- auteur d'une cinquantaine d'ouvrages. Pionnier, avec Nicola, de l'interprétation astrologique "prêt-à-porter" (Astroflash 1967), fondateur de la revue L'Astrologue en 1968. Il est devenu au fil du temps une autorité en astrologie mondiale.
- a bénéficié des enseignements de son frère Armand, de son "maître" Jean Carteret et de Claire Santagostini.
- son ouvrage De la psychanalyse à l'astrologie (Paris, Le Seuil, 1961) a pour ambition de "rehausser l'astrologie au niveau de la psychologie" (p.30), en la parant d'assimilations freudiennes et néo-freudiennes discutables (Soleil-Père, Lune-Mère, Mars-Fils ...), en explorant les stades de l'enfance oedipienne, et en réinterprétant la diversité caractérielle à travers des "types" et "complexes" (Icare, Prométhée, Caïn...) hérités du philosophe Gaston Bachelard.
- dans son principal ouvrage, Les astres et l'histoire (Paris, Pauvert, 1967), Barbault propose une lecture astrologique de l'histoire récente à partir des cycles combinés des planètes lentes (de Jupiter à Pluton).

MON AVIS: André Barbault a la corde "philosophique" en dépit de son approche nettement empiriste, même si son interprétation caractérologique et "symboliste" des facteurs astrologiques doit beaucoup à ses confrères. Au fil des années, il s'est spécialisé dans la prévision, notamment collective, selon lui le seul moyen de faire valoir le fait astrologique. Malheureusement l'indice de concentration planétaire, qu'il a hérité de Gouchon, indique des minimas pour 1914-18, 1942-45, mais aussi pour 1954-57 et 1981-85, années annoncées d'un bouleversement majeur qui ne s'est pas produit. Les cycles combinés des planètes lentes semblent avoir donné au moins un résultat conséquent: celui de la chute du régime soviétique pour la conjonction Saturne-Neptune de 1989. Reste à savoir si ce "résultat expérimental" n'est pas l'arbre qui cache la forêt. On peut rester sceptique sur la question de savoir si les cycles planétaires peuvent prêter à un pronostic de nature événementielle, et s'interroger sur les raisons qui font que telle puissance géopolitique se trouverait associée à tel moment de son histoire à un cycle donné plutôt qu'à un autre. L'approche empiriste ne fournit aucun début de réponse, ni même une quelconque tentative de formalisation du modèle.
Cf. Valeur des Jugements et Pronostics Astrologiques
 
 

20. Michel GAUQUELIN

- né le 13 novembre 1928 à 22h15, Paris 14 (+ 20 mai 1991 (suicide) dans la 63è année climatérique)
(source Jacques de Lescaut, 1994)
- marié de 1954 à 1985 à Marie Schneider (Françoise Gauquelin) qui déclare: "He was something of a medieval tyrant, not easy to live with."
- auteur de nombreux ouvrages et articles, publiés en plusieurs langues (une bibliographie comprenant 150 références a été publiée par Suitbert Ertel dans Astro-Psychological Problems, 8.2, 1992)
- ses premiers ouvrages, L'influence des astres (Paris, Dauphin, 1955, contenant les données de naissance de 5756 individus) et Les hommes et les astres (Paris, Denoël, 1960) restent les plus significatifs (cf. ma critique in 01qapa1.html , vers la note 56, & 02domi2.html , vers la note 40).
- La vérité sur l'astrologie (Oxford, 1983; trad. fr., Monaco, Le Rocher, 1985), à la fois bilan et testament, d'abord écrit en anglais, reprend le titre d'un ouvrage de Reverchon.


 

MON AVIS: Cet astrologue "malgré lui", à l'influence considérable au-delà même des milieux astrologiques, a critiqué la méthodologie désuète de ses prédécesseurs (Choisnard, von Klöckler, Krafft, Lasson) et introduit les corrections astronomiques et démographiques nécessaires à la fiabilité de la recherche psycho-statistique. Les influences astrales ne concernerait que 4 puis 5 planètes (Mars, Lune, Saturne, Jupiter et Vénus): les "planètes Gauquelin" qui sont les planètes "médianes" (niveau "Existence" du R.E.T. de Nicola: cf. infra), répondent aux présupposés existentiels concrets (catégories socio-professionnelles, traits de caractères patents) mis en oeuvre par la statistique pour les tester.
L'effet planétaire "découvert" par Gauquelin, réel ou imaginaire, produit avec probité ou légèrement tronqué (qu'importe!), continue à alimenter les débats interminables des sceptiques et zététiciens neuro-pyrrhonisés, et de leurs adversaires, rehaussés d'appareillages de complexité technique croissante pour aboutir à des constats toujours plus indécis. Le mérite de Michel Gauquelin, et de Françoise, aura au moins été de relancer le pavé de l'astrologie dans la mare étale de la foi rationaliste, dont les dévots ne peuvent plus désormais s'attaquer avec la même légèreté que celle portée à d'autres produits de l'irrationnel penchant de l'esprit humain, sans ressentir quelques sueurs froides remonter au siège de leur raison impériale.
 

21. Jean-Pierre NICOLA

- né le 8 mai 1929 à 8h, Nice, 43N42 7E15
(sources : Patrice Guinard (r.p.: 1979) et Jacques de Lescaut, 1994)
- a eu une influence décisive sur de nombreux astrologues, et pour élèves Yves Lenoble, Max Lejbowicz, les belges Yves Thieffry et Jacques Vanaise, Françoise Hardy, Catherine Aubier, Jean-Pierre Vezien, Bernard Blanchet, Jean-Paul Citron, etc
- rédacteur en chef des revues Carré, Astrologique (1976-1979), et les Cahiers Conditionalistes (depuis 1980).
- auteur de recherches astrométriques sur le système solaire en 1971 et 1992: (cf. 06syssol.html) et d'une tentative de rationalisation du corpus astrologique.
- ses deux principaux ouvrages restent La condition solaire (Paris, éd. Traditionnelles, 1965) et Pour une astrologie moderne (Paris, Le Seuil, 1977).
- a élaboré un certain nombre de modèles ayant pour fonction d'assainir le corpus astrologique et d'automatiser l'interprétation: "Nous créerons un jour des robots à comportement-type. La voie est ouverte à un ingénieur habile, il suffit de concevoir des machines réagissant à des signaux combinant le simple et le complexe, l'intense et le faible. (...) L'horoscope d'un Être concerne strictement la partie robot." ("Harmonie du monde" in Cahiers Astrologiques, 108, Nice, 1964, p.31-32). Ces modèles sont largement analysés et discutés dans ma thèse: le zodiaque réflexologique (cf. 16zodi.html), d'après les travaux du psychologue russe Ivan Pavlov (cf. 16pavlov.html), la grille planétaire du R.E.T. (cf. 08planet.html), le système S.O.R.I. appliqué aux 12 maisons classiques (cf. 02domi2.html , note 46) et la théorie des Ages planétaires d'après leurs révolutions sidérales (cf. 24cyclas.html).

MON AVIS: Cette réinterprétation du corpus débouche moins sur une véritable cohérence systémique, que sur une utilisation ostentatoire des outils classiques de l'astrologue, non exempte d'un jargon qui redouble celui déjà utilisé par l'interprète de cabinet face à son client profane. Le discours conditionaliste est présenté comme une révélation intouchable. Nicola admet difficilement la critique et préfère fonctionner en circuit fermé, plutôt que de se mêler aux autres astrologues. C'est ainsi qu'au fil du temps, il s'est séparé, comme Freud quelques décennies auparavant, de ses meilleurs collaborateurs. Il reste l'éternel ennemi d'André Barbault dont il critique le laxisme, et l'hostilité à son égard. Leurs querelles stériles et sempiternelles sont légendaires dans le milieu astrologique français. Ce qui est pitoyable, c'est que Nicola a usé des mêmes agissements et procédés d'intimidation vis-à-vis de ses premiers collaborateurs que ceux qu'il dénonce chez son rival. Ce qui est amusant, c'est que leurs approches, en dépit de leurs divergences, et avec le recul que peut donner la connaissance des pratiques en vigueur hors de l'hexagone, restent assez proches: utilisation du même corpus astrologique, importance comparable donnée aux planètes et à leurs cycles par rapport aux autres facteurs, une certaine méfiance vis-à-vis des maisons, une extrême prudence à l'égard de l'astrologie horaire...
 

22. Françoise SCHNEIDER-GAUQUELIN (née Marie Schneider)

- née le 19 juin 1929 à 4h30, Lignières (Suisse), 47N05, 7E04 (source Patrice Guinard)
(lieu et heure de naissance rectifiés par elle-même via sa mère)
- décédée le 10 août 2007 à Joigny, 47N59, 3E24. Enterrée au cimetière de Joigny.
(source : Patrice Guinard : http://cura.les-forums.com/topic/97/deces-de-francoise-gauquelin-1929-2007.html)
- mariée le 6 novembre 1954 à Michel Gauquelin (divorcée le 26 septembre 1985)

- dirige une revue (en anglais) de recherche psycho-statistique, Astro-Psychological Problems (1982-1995), peu connue en France, mais très appréciée par les Anglo-saxons.
- auteur d'ouvrages de psychologie appliquée, des Méthodes pour étudier la répartition des astres dans le mouvement diurne (Paris, 1957, en collaboration avec Michel Gauquelin), de Psychology of the Planets (San Diego, ACS Publications, 1982 ; trad. fr. Paris, Astro-Psychological Publications, 1985 ; trad. all. Freiburg, 1987), des Problèmes de l'heure résolus pour le monde entier (Paris, Trédaniel, 1987), et avec son mari, des célèbres Coordonnées natales et planétaires. Collaboratrice et amie du CURA.

MON AVIS: Son apport dans les travaux "Gauquelin" a été considérable, notamment dans la recherche des données de naissance et la mise en place technique des procédures statistiques, alors que reviennent à son mari Michel les intuitions initiales (qui sont d'ailleurs celles de ses prédécesseurs, notamment de Lasson), la volonté d'obtenir des résultats, et l'écriture de la plupart des ouvrages. Françoise Gauquelin a montré à travers son journal qu'elle était un chercheur de premier plan, un chercheur "dans l'âme". Elle ne croit qu'aux résultats qu'elle a mis en place, et conserve une attitude très sceptique, si ce n'est hostile, vis-à-vis des pratiques courantes. Elle restera probablement l'autre grande dame de l'astrologie française du XXe siècle.


 


 

23. Daniel VERNEY

- né le 6 avril 1935 à 12h30, Brest, 48N24 4W29
(source Patrice Guinard, r.p.)
- polytechnicien, fonde une école d'astrologie avant de prendre ses distances vis-à-vis du milieu astrologique, sans doute pour des raisons qu'on devinera aisément (cf. mon éditorial de nov. 2000: 09ed1tem.html).
- dans son premier ouvrage, Fondements et avenir de l'astrologie (Paris, Fayard, 1974), lequel figure en vedette de la rubrique "Astrologie" dans une des bibles des post-soixante-huitards (Le catalogue des ressources, vol. 3, Paris, Librairies Alternative & Parallèles, 1977, p.791), il tente de modéliser le réel astronomique selon une certaine logique intrinsèque au Septénaire, élargi aux trois trans-saturniennes et aux astéroïdes, en accord avec la "structure absolue" (à base sénaire) mise en place par Raymond Abellio dans son ouvrage de 1965. Ainsi les planètes à elles seules suffiraient à rendre compte du corpus astrologique dans sa totalité.
- son second ouvrage, L'astrologie et la science future du psychisme (Monaco, Le Rocher, 1987), est une réflexion philosophique sur l'astrologie, placée sur le terrain des structures (et non plus de l'énergie, comme dans l'ouvrage précédent) et du psychique (et non du psychologique ou du psycho-mental). Le psychique étant la réalité infra-mentale "sans laquelle nous ne serions rien" (p.277). On pourra cependant regretter l'orientation lacanienne de l'auteur.



24. Jacques HALBRONN

- né le 1 décembre 1947 à 11h25, Paris 17 (à 12h30 selon sa mère)
(source Patrice Guinard, r.p.)
- docteur de l'université (plusieurs thèses), historien et ethnologue du milieu astrologique, organisateur de congrès d'astrologues depuis 1975.
- auteur d'une dizaine d'ouvrages et de plus de trente articles. Son Guide astrologique (1981; 1984; 1992; 1994; 1995; 1996; 1997) reprend l'idée de De Herbais De Thun d'un répertoire des astrologues et de leurs activités (cf. le compte-rendu de Dominique Devie sur la version 1994, in Cahiers de Recherches et d'Études Traditionnelles, 6, 1994).
- a réussi "la gageure" dans la bibliographie de son article "Astrologie" de l'Encyclopaedia Universalis (1992) à ne citer, parmi la vingtaine d'ouvrages mentionnés, que 3 ouvrages pour lesquels il n'est pas directement concerné en tant qu'auteur ou éditeur. C'est dire le sérieux de l'intelligentsia académique en ce qui concerne le sujet.
- dans sa longue introduction à la réédition tronquée de l'Histoire de l'astrologie de Serge Hutin (Paris, Artefact, 1986), il considère l'astrologie comme une réalité essentiellement culturelle: la relation entre les astres et les hommes se limiterait à "Un lien déclenché par l'homme lui-même." (p.144). On attend toujours les analyses historiques qui pourraient justifier ce "lamarckisme culturel".
- son ouvrage le plus utile reste La vie astrologique il y a cent ans (d'Alan Leo à F. Ch. Barlet), Paris, Grande Conjonction & Trédaniel, 1992.
- s'intéresse au phénomène prophétique.

MON AVIS: chercheur solitaire, historien et sociologue intempestif, organisateur colérique de colloques, observateur querelleur de la vie astrologique, personnage caractériel et mégalomane, Halbronn est une sorte de Socrate du milieu astrologique français. Il cherche à accoucher les consciences et exerce une sorte de maïeutique dualiste qui reste ignorée par la plupart des astrologues et incompréhensible pour le "croyant": "L'astrologie serait donc, au bout du compte, une chose trop sérieuse pour être confiée à des astrologues et la consultation une rencontre trop importante pour ne pas être repensée au deuxième degré." (in L'astrologue face à son client (Les ficelles du métier), Paris, Grande Conjonction, 1995, p.46). Il soutient successivement dans ses ouvrages les thèses les plus contradictoires: de "l'astrologie sensorielle" (1977) à la "cosmothérapie" (1995), ou de "l'astrologie du Tarot" (1983) à "l'astrologie stellaire" (2000); il approfondit le superficiel, donne de l'éclat au plus banal. Au fil du temps il a acquis le sentiment d'être devenu une sorte de directeur d'un hôpital de fous. Souvent en rapport (et par réaction) avec certaines discussions qu'il a eu avec moi depuis 1983, il a développé des problématiques toujours plus complexes. Halbronn est meilleur orateur qu'écrivain. Il brille dans la confrontation, et a atteint dernièrement (en décembre 2000, lors du colloque CURA-MAU de Paris) le sommet de son art. En élaborant de nouvelles théories "quasi-astrologiques", il a peaufiné sa machine dialectique et déplacé la frontière entre astrologie et anti-astrologie. Il apparaît à présent que toute l'argumentation anti-astrologique commune (d'abord celle des astronomes, mais surtout celle issue des milieux universitaires, d'orientation sociologique ou historiciste) reste à un niveau très en-deçà des problématiques qu'il a su mettre en place, insidieuses et alambiquées, mais néanmoins salutaires et viviviantes pour toute réflexion portant sur le fait astrologique.

Il semble cependant qu'avec l'âge, Halbronn soit devenu incapable de soutenir des discussions adultes et argumentées : irrespect de ses interlocuteurs, rejet par principe de l'argumentation adverse, réorientation du débat quand ses observations se révèlent caduques, manipulation d'erreurs extérieures au débat, accumulation de contradictions sans garde-fous, logorrhée d'opinions spécieuses et d'extravagances dogmatiques ... L'essentiel, à ce stade aggravé, n'est pas la vérité, mais la joute de nature "politicienne". Ce qui compte pour lui n'est pas la réalité, mais l'effet produit par son discours sur un public d'autant plus crédule qu'il ignore en grande partie les exigences techniques du débat. C'est ainsi que son récent canular relatif aux centuries de Nostradamus (qui auraient été fabriquées par des faussaires du XVIIe siècle) ne peut se développer qu'en s'adressant à des interlocuteurs qui ignorent presque tout des premières éditions. Halbronn en est ainsi amené à s'adresser à un public de moins en moins mûr pour asseoir des spéculations farfelues qui relèvent essentiellement de la mystification.
 

25. Autres textes importants

Jean MAVÉRIC (pseudonyme de Petitjean), La réforme des bases de l'astrologie traditionnelle, (Paris, Alfred Leclerc, 1912)
- un des rares ouvrages français à proposer un modèle original des Maîtrises.

Louis HORICKS (1900-1992) & Henriette MICHAUX, Traité pratique d'astrologie mondiale (Nice, Les Soirées Astrologiques, 1941)
- cet ouvrage (avant ceux de Michel de Socoa, Dane Rudhyar, Robert Doolaard, André Barbault, San Miguel de Pablos...) avance la possibilité d'une analyse des grandes mutations historiques en fonction des conjonctions des planètes lentes, et notamment des cycles Pluton-Neptune et Neptune-Uranus.

Charles DE HERBAIS DE THUN (1862-1946), Encyclopédie du mouvement astrologique de langue française au XXème siècle (Bruxelles, Demain, 1944)
- document unique sur la vie astrologique du début du siècle, préfacé par son compatriote Brahy, comprenant un précieux répertoire d'astrologues (dates et heures de naissance, carrières, activités, publications, opinions...)
- on peut cependant regretter le penchant de l'auteur pour l'anecdote au détriment du contenu des ouvrages, ainsi que son esprit étriqué et partisan (notamment en ce qui concerne Néroman).
- influence sur Halbronn qui sera le deuxième observateur de la vie astrologique française.

Marcelle SENARD (1879-1971), Le Zodiaque, clef de l'ontologie, appliqué à la psychologie (Lausanne, 1948; Paris, éd. Traditionnelles, 1967; 1984)
- cet ouvrage très documenté tente de lier la connaissance des mythes occidentaux et orientaux à l'interprétation psychologique des signes zodiacaux: "C'est en approfondissant le psychisme jusqu'à ses origines les plus archaïques que se trouve la source commune des énergies astrales et mythiques, ce qui explique leur concordance." (p.XII)

Robert DAX (1902-1982), Psychologie zodiacale (Vichy, 1950; Paris, Arista, 1983)
- ces remarquables portraits des 12 signes zodiacaux, de la "documentation" (Santagostini) de premier choix, ont fortement influencé ceux de Nicola.

Michel AUPHAN, L'astrologie confirmée par la science (Neuchâtel, La Colombe, 1956)
- Une tentative de modélisation théorique des "influences astrales": un rayonnement vibratoire (dont on ignore la nature et le mode d'interaction avec la matière vivante), émis par le Soleil, serait à la fois réfléchi par chaque planète, et réfracté en formant à l'intérieur de chacune d'elles un système d'ondes stationnaires.

Jacques de LESCAUT (1939-1995), Encyclopédie mondiale des astrologues (série A, volume 1), Blonay-sur-Vevey (Suisse), 1994
- Ce recueil de 1225 données a servi de base, avec l'ouvrage de De Herbais de Thun, pour les données de naissance des astrologues présentés dans cette étude.

Didier BÉTOURNÉ & Zoé FACHAN, Traité d'astrologie contemporaine (Paris, P.U.F., 1990)
- le thème natal renferme un conte propre à chacun, que l'habileté de l'interprète-astrologue restitue plus ou moins bien : "L'astrologue fait le pari que la mythologie qu'il lit dans une carte du ciel fera écho sur celui qui est né à cet instant du temps, que le natif osera se faire démiurge et renouveler le mythe qu'on a représenté pour lui." (p.286) Les facteurs astrologiques sont des mots, et le zodiaque une combinatoire. L'interprétation du thème est une dramaturgie. L'astrologue doit tenter de raconter et de mettre en scène l'histoire de son patient. L'imagination de l'interprète fait le reste. Mais on peut s'interroger si ce ne sont pas les auteurs qui nous racontent des histoires.

Patrice GUINARD, L'astrologie : Fondements, logique et perspectives (Paris, Sorbonne, Thèse de doctorat, 1993)
- thèse d'astro-philosophie diffusée sur le site du CURA (nouvelle version 1999-2004, cf. pg.html).
 

Épilogue

On pourrait être tenté de regrouper les astrologues en 4 écoles:

L'astrologie empirique à orientation prédictive (Brahy, Lasson, André Barbault) qui concerne essentiellement l'astrologie mondiale, mais peut être l'objet d'applications individuelles. Elle s'appuie essentiellement sur l'observation des phénomènes visibles et sur les "faits".

L'astrologie psycho-symbolique (Julevno, Volguine, Ruperti, Gouchon) qui raisonne à partir d'une saisie directe des symboles supposés et de leur confrontation à la diversité psychologique. Elle s'applique essentiellement à l'interprétation du thème et s'appuie sur l'analogie et le respect d'une certaine tradition.

L'astrologie constructiviste (Selva, Dom Néroman, Nicola, Verney) qui s'interroge sur la possibilité et le fonctionnement du phénomène astrologique, et essaye d'en rendre compte par un nouveau modèle. Elle s'attache à définir une certaine logique derrière les faits, à retrouver la cohérence interne des structures astrologiques, et à reformuler le corpus.

L'astro-statistique (Choisnard, le premier Krafft, Michel et Françoise Gauquelin) cherche à valider ou à invalider certains postulats classiques de l'astrologie, ou encore à en trouver de nouveaux. Elle s'appuie sur une psychologie empirique (traits de caractères) et sur la notion de catégorie socio-professionnelle.
 
 
  Corpus classique Critique du corpus
Données externes Astrologie prédictive Astro-statistique
Données internes Astrologie psycho-symbolique Astrologie constructiviste


Les trois premières catégories recouvrent plus ou moins les trois courants principaux (astromantic, typologic, soteriologic) analysés par Brad Kochunas, lequel ne rend pas compte des recherches psycho-statistiques, dans "The Practice of Contemporary Astrology" (cf. 06kochu1.html ). Je crois que l'astrologue de demain devra tirer les conséquences des apports respectifs de chacun de ces courants.

Référence de la page :
Patrice Guinard: L'astrologie française au XXème siècle
http://cura.free.fr/docum/10astrof.html
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