CORPUS NOSTRADAMUS 168 -- par Patrice Guinard

Par les 3 fils de Michel : une nouvelle preuve de l'organisation codée du corpus centurique
 

Pourquoi aura-t-il fallu trois éditions (Bonhomme 1555, Du Rosne Sep. 1557, Du Rosne Nov. 1557) pour faire imprimer le premier livre des Prophéties alors que vraisemblablement les 642 quatrains de ces sept centuries étaient prêts pour l'impression dès 1555 et sans doute avant ?

Nostradamus a dédié la première édition (Bonhomme) des Prophéties à son fils César, et s'est servi de la date de sa naissance pour l'organisation de ses centuries (cf. CN 90). J'ai fait remarquer en 2002 que l'écart entre les dates d'impression des deux éditions suivantes (Antoine du Rosne alias Lyserot), à savoir les 6 septembre et 3 novembre 1557, vaut 58 jours équivalents aux 58 quatrains prétendument "manquants" à la septième centurie, laquelle s'achève au quatrain VII 42 (cf. CN 176).

J'ai montré que les exemplaires conservés de l'édition de novembre relèvent d'une contrefaçon, mais que l'édition authentique portait bien la date du "troisiesme de Novembre" (CN 106). On sait par ailleurs que les deux éditions jumelles, l'une achevée d'imprimer le 6 septembre 1557, l'autre le 3 novembre mais sans indication d'année, contiennent 2 ou 3 quatrains de différence (deux français et un latin), mais que l'édition "complète" (à 642 quatrains) a précédé l'édition incomplète (à 639 quatrains).

Que sait-on du cadet et du dernier des fils Nostradamus ? Charles est né en 1556 et décédé en décembre 1629. Il a vécu 73 ans. André est né le 3 novembre 1557 et décédé le 2 décembre 1601. Il a vécu 44 ans, soit 29 de moins que son frère (cf. CN 131).

Nostradamus se serait arrangé avec son imprimeur pour que les dates d'impression correspondent à celles de l'anniversaire et de la naissance de ses deux puînés. Ainsi les trois fils Nostradamus se retrouvent impliqués et réunis dans le premier livre des Prophéties. Le second livre, qui rassemble 300 nouveaux quatrains, sera imprimé l'année suivante, en 1558. On ne connaît pas plus la date d'impression de cette édition perdue, que le jour ou même l'année exacte de naissance de sa fille aînée Madeleine, née vers 1551 (cf. CN 131).

Le 6 septembre serait le jour anniversaire de la naissance de son fils Charles. Les 2 ou 3 quatrains de différence entre les éditions de 1557 correspondent aux rangs des fils de Michel (le cadet et le troisième). L'édition de novembre, attribuée à André, sera rabotée en raison de son décès prématuré, 29 ans avant son frère cadet. Notons encore que ces 29 ans d'écart pourraient avoir été doublés pour correspondre aux 58 quatrains dits manquants de la centurie VII, ce qui suppose que Nostradamus a vu les dates ou moments du décès de ses fils. Et les 58 quatrains "manquants" (qui seront ultérieurement complétés par des sizains apocryphes) symboliseraient les dates séparant des deux achevés d'imprimer, les dates d'anniversaire de ses deux fils, et deux fois l'écart de durée de leur existence.

Ainsi le 6 septembre 1557, Nostradamus fait imprimer son édition à 642 quatrains, "dédiée" à son fils Charles né le 6 septembre 1556, et le 3 novembre 1557 (mais sans précision d'année) son édition à 639 quatrains, "dédiée" à son fils André né le 3 novembre 1557, dont il avait déjà prédit qu'il "porteroit sept pans de corde", ceux de la ceinture bouclant son habit de capucin. Autrement dit il fait imprimer l'édition "complète" (642 Qs) au premier anniversaire de Charles, et l'édition rabotée de trois quatrains à la naissance d'André, son troisième fils, né le 3 du mois.

Ce qui implique une complicité de Nostradamus avec son imprimeur Antoine du Rosne, auparavant chargé, je le rappelle, de récupérer la Pronostication pour l'an 1554 saccagée par un imprimeur négligent (cf. CN 08). Il en résulte que le premier livre des Prophéties a été publié en 3 éditions successives, chacune "attribuée" à l'un ou l'autre des fils de Nostradamus, dont les dates de naissance lui ont servi de canevas. On peut penser, dans une telle logique, que chacune de ses trois filles recevront symboliquement l'une des trois centuries du second livre, et pour résumer : César 353 quatrains, Charles 146, André 143, Madeleine 100, Anne 100, Diane 100 (quoiqu'un autre dispositif soit plus crédible avec l'ensemble des 1130 quatrains du corpus : cf. CN 169). Pourquoi une telle démonstration d'ingéniosité (en sus des dispositifs déjà expliqués ici même : au Testament, à l'Orus, au traité de Galien, etc.) ? D'abord, je crois, pour signer l'oeuvre, comme il était assez courant à cette époque. Le texte porte en lui-même les marques de son organisation, et prévient ainsi toute falsification ou corruption ultérieure. Aussi, j'en suis convaincu, parce que Nostradamus savait que la démonstration de ses visions par le texte et contenu des quatrains ne serait pas suffisante pour guider la raison moderne obscurcie et rongée par le doute. Il fallait d'autres démonstrations, d'autres agencements, ici numérologiques, "mathématiques" -- et je n'ai pas fini de le (dé)montrer --, pour ébranler l' enracinement pathologique des esprits rigides et obtus. C'est seulement par le nombre que la fureur poético-prophétique pourra triompher.
 
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Patrice Guinard: Par les 3 fils de Michel : une nouvelle preuve de l'organisation codée du corpus centurique
http://cura.free.fr/dico8art/1312cn168fils.html
11-12-2013 ; updated 25-10-2018
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